« Peut-être faut-il imposer aux médecins en début de carrière des affectations transitoires qui serviraient à payer en quelque sorte les frais que la nation a dépensé pour eux ? » Cette proposition, formulée par la socialiste Florence Augier * au congrès de Poitiers, et reprise dans « le Quotidien » du 4 juin 2015 n’est pas passée inaperçue.
Elle a fait bondir le Dr Isabelle Luck, généraliste dans les Yvelines et sympathisante de l’Union française pour une médecine libre. « J’ai été de nouveau scandalisée qu’on puisse penser et affirmer que les médecins ont leurs études payées par l’état », explique la praticienne, auteure d’une lettre ouverte adressée à Florence Augier.
Dans ce texte écrit avec les tripes, elle remet les pendules à l’heure et rappelle quelques vérités sur les études médicales. Cette lettre, que « le Quotidien » reproduit ci dessous, a suscité en quelques jours la réaction de près d’un millier d’internautes sur la page Facebook de l’UFML.
« Si vous avez fait des études, vous les reproche-t-on sans cesse dans les médias ou dans votre petit monde politique ? », interroge le Dr Luck avant d’énumérer les sacrifices consentis par les étudiants et les difficultés auxquels ils sont confrontés.Que faisiez-vous entre 17 et 27 ans, Madame ?
« Avez-vous déjà pleuré et souffert comme tout apprenti médecin dans un couloir d’hôpital pour ces êtres que vous ne connaissiez pas quelques jours avant mais dont vous avez eu la charge pendant leur hospitalisation, qui vous ont raconté leur vie en quelques mots, dont vous avez perçu la soif de continuer à vivre mais compris que celle-ci serait bientôt finie rien qu’en posant les mains sur leur abdomen gonflé d’ascite ou jeté un coup d’œil sur leur radio truffée de métastases ? [… ] Aviez-vous déjà pris conscience à 20 ans l’inégalité des chances et l’injustice du sort, pis encore quand il s’agit d’enfants ? » écrit la généraliste qui invite la socialiste à l’hôpital pour découvrir le travail des internes.
Au fil des lignes, le Dr Luck défend sa conception d’une médecine « libre et indépendante », à l’opposée, explique-t-elle, du « système de santé formaté et déshumanisé » que certains voudraient imposer.
* Sécrétaire nationale chargée de la vie associative au PS, auteure de la motion C
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