Rédigé sous la houlette du Pr Nicolas Lerolle, doyen de la faculté santé d'Angers, le bilan d'étape des expérimentations d'alternatives à la première année commune aux études de santé (PACES), que s'est procuré « le Quotidien », démontre leur « faisabilité et acceptabilité par les enseignants et les étudiants ».
Mais ce travail de fourmi révèle aussi les limites et les écueils de ces deux voies alternatives (peu d'étudiants recrutés et pas de réelle diversification des profils socioprofessionnelles pour l'AlterPACES et investissement humain et financier important pour le parcours Pluri-PASS). Ces résultats arrivent à point nommé après la présentation du plan santé et l'annonce de la suppression du numerus clausus et de la PACES.
AlterPACES : des étudiants très bien intégrés mais peu nombreux
De quoi s'agit-il ? Deux types d'expérimentations ont été lancés par les universités (AlterPACES et PluriPASS) il y a cinq ans afin d'améliorer la réorientation d'excellents étudiants échouant au concours, de réduire le taux de redoublement et de diversifier les profils des futurs médecins.
La première modalité dite « AlterPACES » mis en place en 2014 permet l'accès en deuxième année des études de santé d'étudiants ayant validé une L2 ou L3 d'un autre parcours universitaire (biologie, sciences de la vie, physique chimie, droit, autre licence, voire CPGE).
Elle vise quasi-exclusivement à diversifier le recrutement. Depuis 2014, pas moins de 16 facultés ont initié ce dispositif. Pour rejoindre les études de santé, les étudiants intéressés élaborent un dossier et passent un oral destiné à évaluer leur motivation et leurs aptitudes de communication à l'issue de leur L2 ou L3 d'une autre filière universitaire. Des modules complémentaires scientifiques doivent être validés en parallèle de la licence. Des variantes existent car les facultés sont libres de leur organisation.
Actuellement une part variable du numerus clausus – 5 à 30 % en fonction des facultés – est réservée à cette expérimentation. Premier constat : le nombre de places offertes a fortement augmenté en 4 ans. En 2014/2015, seules 98 places étaient disponibles et réparties entre quatre facultés alors qu'en 2017/2018, 600 places sont offertes au sein de 16 universités ! Mais en réalité, les candidats ne se sont pas bousculés au portillon.
« Quantitativement, le résultat est faible, il y a un manque de candidats probablement dû à une méconnaissance de ce cursus, décrypte le Pr Nicolas Lerolle, auteur du rapport. D'autres se disent que ce n’est pas naturel d'entrer dans des études de santé après avoir suivi du droit. » Il propose de corriger ce gros défaut de visibilité en accentuant l'information auprès des lycéens et des étudiants (messages par les pairs, affiches, etc.) et en affichant les AlterPACES sur Parcoursup.
Les retours des responsables AlterPACES montrent que les étudiants concernés sont en général très bien classés et intégrés dans les promotions qu'ils rejoignent. « Les candidats sont plus matures, ils ont déjà une expérience et une vraie motivation, explique le Pr Lerolle. Ils sont en général très bien classés, la plupart du temps dans le premier tiers de la promotion. » En revanche, cette passerelle n'a pas permis de diversifier les profils (très forte proportion de la série S, mêmes origines socio-professionnelles).
Point positif : le coût des AlterPACES apparaît matériellement faible (pas d'achat de matériel spécifique). La première recommandation est donc de maintenir les AlterPACES (en laissant le choix aux universités selon leurs besoins) et de conserver cette souplesse de moyens.
PluriPASS, bonne voie vers la poursuite d'études universitaires
La deuxième grande modalité dite « PluriPass » a été initiée par la seule faculté d'Angers en 2015-2016. Il s'agit d'un parcours pluridisciplinaire en trois semestres ouvrant les étudiants aux études de santé (filières contingentées) mais aussi à d'autres filières universitaires (l'objectif est de conduire une proportion importante d'étudiants vers le niveau master). Ils se forment dans trois champs : sciences du vivant, de l'ingénieur et des sciences sociales. À la fin du semestre 2 et 3, les étudiants peuvent candidater à l'une des filières santé. En cas d'échec ou de changement de choix, les étudiants conservent les crédits ECTS validés et peuvent poursuivre leur cursus dans une quinzaine de licences ou écoles d'ingénieurs. PluriPASS a été déclinée avec des variantes à l'université de Brest (UboPASS) et au sein de trois facultés parisiennes (Paris V, VII et Sorbonne université).
Le résultat est prometteur. « PluriPASS est un modèle qui fonctionne bien et qui est pertinent, résume le Pr Lerolle. Mais il faudra encore une ou deux années pour mesurer son efficacité par rapport à la réussite des étudiants. »
Parmi les points forts : la rupture avec le concours anonyme par QCM de la PACES, les oraux, la quasi-inexistence du redoublement et surtout la réussite améliorée des étudiants vers les études longues universitaires. « Le rapport réussite/échec des étudiants s'est inversé avec la validation d'une licence 1, de 72 %-28 % sur les deux premières promotions contre 30 %-70 % en PACES », peut-on lire.
Les étudiants de la première promo PluriPass arrivés en 4e semestre dans une nouvelle discipline (droit, maths, psycho, biologie) ont validé « leurs examens à plus de 70 % avec des résultats parfois supérieurs à ceux des étudiants inscrits dans ces filières depuis la première année », lit-on dans le document. En revanche, signale le rapport, le parcours Pluri PASS réclame « un investissement humain et financier important » (de la composante santé et des autres composantes).
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