Satisfaits, mais réalistes. Les médecins de la macronie ne boudent pas leur plaisir de voir leur héros repartir pour cinq ans. Mais sur la politique de santé et la modernisation du système de soins, tous estiment qu’il y a encore beaucoup à faire.
Pr Philippe Amouyel : « Encore des défis à relever ! »
« C’est une victoire assez large. Maintenant, il y a énormément de défis à relever désormais. » Le Pr Philippe Amouyel a déjà voté Macron en 2017, mais il était, cette fois, davantage investi dans la campagne en tant que président du Comité de soutien Grand Lille à sa réélection. Il évoque trois urgences à relever pour la France désormais : le climat, la question sociale dans les territoires et la santé. « Aujourd’hui, il faut vraiment résoudre la question de l’accès aux soins », explique-t-il, appelant de ses vœux « une politique qui se rapproche des territoires, car les problèmes ne sont pas partout les mêmes. » Ce spécialiste de santé publique souhaite le développement des coopérations interprofessionnelles et insiste sur la nécessité de développer la prévention, un domaine sur lequel « la France est en retard », selon lui, même s’il estime que la pandémie a mis en évidence l’importance de la démarche.
Dr Jacques Franzoni : des attentes fortes sur « la grande consultation »
Le Dr Jacques Franzoni ne boudait pas son plaisir dimanche soir, depuis le Champ de Mars où se rassemblaient les partisans du président. « C’est une élection moins large qu’il y a cinq ans, mais qui montre assez la légitimité de notre président, » estime-t-il. Pour autant, c’est l’avenir qui intéresse ce médecin généraliste qui a été le coordonnateur du centre de vaccination de Valenciennes et est, depuis sa création, le président de la CPTS de l’agglomération : « Alors que c’est la deuxième préoccupation des Français, on a peu parlé de santé pendant la campagne », regrette-t-il. Et de souligner ses attentes fortes sur la « grande consultation nationale » à venir dans le secteur, « à même d’apaiser les tensions », espère-t-il. Concrètement, il s’agira pour lui de trouver des solutions à « l’enjeu démographique » et de poser sur les fonts baptismaux « une grande réforme du système hospitalier ». « Si les acteurs de santé sont entendus, on pourra faire quelque chose de bien », conclut le généraliste, optimiste.
Dr Bertrand Mas-Fraissinet : « Une victoire historique »
Cet anesthésiste-réanimateur du CH d’Aubagne a rejoint La République en Marche dès 2016, après avoir été au parti socialiste. Conseiller régional de la région Paca et conseiller municipal de Cassis, le Dr Bertrand Mas-Fraissinet anime LREM dans les Bouches-du-Rhône. Pour lui, pas de doute, cette réélection est « une immense satisfaction ». Et de poursuivre : « Ce n’était pas gagné d’avance. C’est une victoire historique, car aucun président candidat à a réélection, hormis De Gaulle ou période de cohabitation n’avait réussi à se faire réélire ». Pour les mois qui viennent, il pense que le gouvernement pourra s’appuyer sur ce qui a été fait, le Ségur notamment. Mais suggère d’aller « encore plus loin ».
Pr Jacques Marescaux : « Sur le Covid, la France s’est bien débrouillée »
Il assume des convictions plutôt de droite, mais se retrouve bien dans le centrisme du président. Et c’est ce qui a poussé le Pr Jacques Marescaux, président de l’Ircad (Institut de recherche contre les cancers de l'appareil digestif) à lancer « l’appel de Strasbourg » en avril dernier, signé par 150 personnalités de la société civile dont une soixantaine du monde de la santé pour aider à la réélection d’Emmanuel Macron. Il rappelle qu’il a essuyé alors très peu de réponses négatives parmi les hospitaliers et chercheurs contactés : « ce qui veut dire que, même avec les problèmes dans les hôpitaux, les personnalités contactées n’ont pas hésité. » Question de bilan, d’abord : « de manière rétroactive, et même si on a critiqué parfois la gestion du Covid, on se dit que la France ne s’est pas mal débrouillée. » Mais ce soir, c’est l’avenir que le chirurgien veut mettre surtout en avant. Avec deux dossiers majeurs qu’il souhaite voir avancer en priorité : désengorger l’hôpital et promouvoir le digital en santé.