Urgences : comment interpréter les mesures de saturation en carboxyhémoglobine des moniteurs multiparamétriques

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Publié le 22/11/2024

Les mesures de saturation en carboxyhémoglobine (SpCO) des moniteurs multiparamétriques des appareils de l’industriel Masimo doivent être interprétées avec prudence, alerte l’Agence nationale de sécurité du médicament.

Crédit photo : DR

Prudence dans l’interprétation des mesures de saturation en carboxyhémoglobine (SpCO) des moniteurs multiparamétriques, indique l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) aux professionnels des structures d’urgence. La mesure de la carboxyhémoglobine par ces appareils, via un capteur placé sur un doigt, ne doit pas être le seul critère diagnostique d’une intoxication par monoxyde de carbone (CO). Les valeurs fournies doivent toujours être interprétées selon le contexte, l’examen clinique et complétées d’examens biologiques.

Cette alerte intervient après que l’ANSM et les centres antipoison ont reçu plusieurs signalements d’incidents relatifs à l’utilisation d’oxymètres de pouls Masimo Rad-57 et Rad-67, censés aider les urgentistes et pompiers à pré-détecter une intoxication par monoxyde de carbone. Ainsi en mai et juin 2024, deux signalements successifs impliquant plusieurs dizaines de personnes rapportaient des mesures suggérant une intoxication au monoxyde de carbone. Or ces patients n’y avaient pas été exposés.

Intervalle d’incertitude de 6 %

D’après le retour d’expérience des centres antipoison, une valeur affichée par le Rad-57 ou Rad-67 inférieure à 10 % ne présente pas d’utilité et ne doit pas être considérée comme un indicateur d’intoxication au monoxyde de carbone si le contexte et les signes cliniques ne sont pas évocateurs.

Par ailleurs, les appareils Rad-57 et 67 ont une marge d’erreur connue de +/-6 % (pour 95 % des mesures), si bien que pour un taux de monoxyde de carbone réel dans le sang (carboxyhémoglobine, HbCO) de 1 %, l’appareil peut afficher une valeur comprise entre 0 et 7 % de SpCO.

« Nous rappelons que les mesures de SpCO réalisées à l’aide de ces appareils permettent de donner une orientation mais pas de poser le diagnostic d’une intoxication par monoxyde de carbone », résume l’ANSM.

Concrètement, les professionnels de l’urgence doivent réaliser plusieurs mesures successives sur différents sites (changement de doigt) et calculer la moyenne pour améliorer la fiabilité des résultats. Le capteur peut rencontrer des difficultés en cas d'exposition intense à la lumière, si les doigts sont froids ou si le patient a du vernis à ongles ou les mains sales, est-il rappelé. En outre, les urgentistes doivent considérer l’intervalle d’incertitude (+/-6 % de SpCO) pour interpréter le résultat, et le mettre en perspective par rapport aux symptômes des patients et au contexte de la mesure (en intérieur ou en extérieur notamment).

Enfin, toute mesure de SpCO évoquant une intoxication au CO doit être confirmée par une mesure du taux de HbCO réalisée par prélèvement sanguin dans un centre de soins d'urgence, surtout face à des symptômes évocateurs (céphalées, asthénie, nausées, vomissements) ou dans un contexte favorable à l'intoxication au monoxyde de carbone (mesure de CO dans l'air ou situation à risque).

Enfin, l’ANSM a demandé à Masimo de mieux communiquer sur les limites de ses appareils et clarifier les informations fournies aux utilisateurs des Rad-57 et Rad-67.


Source : lequotidiendumedecin.fr