L’Institut de recherche et documentation en santé (Irdes) vient de publier son deuxième « Atlas des variations de pratiques médicales ». Le document dresse l’état des lieux et suit l’évolution des taux de recours à onze interventions chirurgicales entre 2014 et 2019. En l’occurrence, la prothèse de hanche après fracture, la prothèse du genou, les chirurgies du syndrome du canal carpien, l’amygdalectomie, la pose de stent coronaire, la chirurgie bariatrique, la cholécystectomie, la césarienne, l’hystérectomie et la chirurgie de la tumeur bénigne de la prostate. Pour ce faire, les chercheurs se sont appuyés sur trois nouveaux indicateurs de processus et de qualité des soins : le taux de chirurgie ambulatoire, l’utilisation des protocoles de Récupération améliorée après chirurgie (Raac) et le taux de réadmission à 30 jours. Objectif recherché ? Inciter les professionnels de santé à comparer et à questionner leurs pratiques, entre eux et avec les institutionnels et les usagers du système de santé, afin de partager la notion de variation des pratiques médicales.
Prostate, canal carpien et pose de stents
Premier enseignement, en 2019, le taux moyen national de recours à la chirurgie de prothèse de hanche (l’intervention de référence), s’établit à 54 pour 100 000 habitants. Les variations départementales pour cette intervention sont assez faibles, l’écart-type (le degré de dispersion des données par rapport à la moyenne) n’étant que de 9. Toute autre est la situation de la chirurgie de la cataracte qui, avec 1 374 interventions pour 100 000 habitants (pour près d’un million de séjours) présente à la fois le plus fort taux national et la plus grande dispersion des taux de recours par département. Pour cette opération, l’écart-type bondit à 123. Dans un ordre décroissant, les trois autres interventions présentant les disparités les plus élevées sont la chirurgie de la prostate, (la deuxième la plus fréquente avec 376 interventions pour 100 000 habitants), suivie par celle du canal carpien et les poses de stent. Toutes trois affichent un écart-type au-delà de 50, suivis par l’hystérectomie (écart-type de 46). Ce sont « la chirurgie bariatrique, la cholécystectomie et les césariennes qui enregistrent relativement les plus faibles variations », relèvent les chercheurs.
Inégalités départementales
Au prisme des « variations des taux de séjours bénéficiant de la Raac », ce sont la pose de prothèse de genou et la chirurgie bariatrique qui se placent, au niveau national, en première position avec un taux de Raac respectif de 31 % et 24 %. Une réalité qui cache cependant des « disparités substantielles » selon les départements. Ainsi, cette pratique représente moins de 4 % des séjours dans l’Aube et les départements d’Outre-Mer mais atteint plus de 60 % dans les Côtes-d’Armor, l’Indre-et-Loire, les Landes ou les Pyrénées-Orientales.
Au chapitre des taux de chirurgie ambulatoire, la cataracte et la chirurgie du syndrome du canal carpien représentent plus de 95 % des séjours et connaissent peu de variations départementales. Contrairement à la cholécystectomie et à l’amygdalectomie dont les taux de chirurgie de ville sont modérés (respectivement 43 % et 48 %) mais présentent des disparités départementales assez importantes. En deçà des 3 % dans le Cantal ou l’Allier, il dépasse les 70 % dans les Bouches-du-Rhône et en Ille-et-Vilaine pour l’amygdalectomie. Quant aux césariennes programmées, c’est-à-dire non liées à une situation d’urgence, elles représentent, en moyenne nationale, un tiers des interventions chirurgicales.
Taux de réadmission disparates
Enfin, l’étude s’est aussi penchée sur les variations en 2019 des taux de réadmission à 30 jours. Ces derniers varient de 16 % (d’une opération à l’autre) après une pose de stent coronaire sans infarctus et de 12 % pour la chirurgie de la tumeur bénigne de la prostate ainsi que pour la prothèse de hanche après fracture. En revanche, les variations ne sont que de 1 % pour les réadmissions post-césarienne et de 3 % pour les opérations de cataracte. Quant à la chirurgie bariatrique, en dépit d’un taux d’admission modéré au niveau national (7 %), elle est également « l’intervention présentant la plus haute variation départementale ».
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