Auditionnés par la commission des affaires sociales du Sénat, ce mercredi 29 janvier, dans le cadre des discussions autour du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2025), deux responsables de la FHF, se sont montrés offensifs, après avoir décrit les causes de la situation exsangue des hôpitaux et des Ehpad publics.
Tour à tour, la déléguée générale Zaynab Riet, et la responsable du pôle « offres », Cécile Chevance, ont avancé des propositions concrètes sur plusieurs chantiers mis de côté en raison de l’instabilité politique. Ces réformes liées notamment au financement des activités et aux régimes d’autorisation entreraient pleinement dans le cadre d’un « protocole de pluri-annualité », voire d’une grande loi de programmation en santé.
Côté finances, tous les indicateurs sont au rouge, ont rappelé les représentants du lobby hospitalier. Le déficit des hôpitaux publics en 2024 s’élève à 3,5 milliards d’euros, un record. Le sous-financement lié à l’inflation du secteur public atteindrait « 1,3 milliard d’euros », estime Cécile Chevance, et même 1,8 milliard d’euros pour l’ensemble des établissements de santé.
Le mal est profond : en 2019, le déficit des hôpitaux publics n’était « que » de 500 millions d’euros, indice d’une forte dégradation liée aux coûts croissants, à l’inflation et à des mesures salariales non compensées.
Des spécialités en « dette de santé publique »
En 2023, pourtant, les hôpitaux publics ont affiché une nette reprise d’activité en chirurgie et en ambulatoire. En 2024, le redémarrage de l’activité (autour de 4 %) s’est opéré sur la psychiatrie, les soins palliatifs, la réadaptation et la pédiatrie – autant de spécialités en dette de santé publique depuis la période Covid – mais sans pouvoir rétablir les finances hospitalières.
Les établissements ont certes recommencé à recruter des paramédicaux et à rouvrir des lits. Mais cette amélioration est très hétérogène, plus marquée dans les CHU et les grands centres hospitaliers que dans les petits établissements. C’est sur le volet des activités toujours en dette de santé publique et sous-financées que la FHF voudrait flécher le milliard d’euros supplémentaire accordé à l’hôpital pour 2025 par François Bayrou.
Au-delà, les revendications portent sur un protocole de financement pluriannuel 2025/2027, gage de visibilité. Zaynab Riet, déléguée générale, précise que l’objectif serait aussi de « rendre certaines spécialités en forte tension plus attractives – pédiatrie, gynécologie, psychiatrie – sur le temps long ». La seconde étape, cruciale, serait une loi de programmation en santé qui, à l’instar de ce qui a été fait pour la défense ou la justice, permettrait de projeter les besoins de postes de spécialistes et de fixer un cap clair en termes de santé publique et de prévention.
Il ne faudra pas dépenser plus, mais mieux
Zaynab Riet, déléguée générale de la FHF
« Il ne faudra pas dépenser plus, mais mieux », avance la déléguée générale, qui salue l’expérimentation à l’initiative de la FHF en matière de responsabilité populationnelle. Celle-ci a permis pour le diabète de type 2, dans cinq territoires, de réduire de 33 % en trois ans les hospitalisations dues à des complications. Parallèlement a été constatée une hausse de la prise en charge en ambulatoire, avec un coût inférieur de 6 % pour ces patients par rapport à la moyenne nationale.
Avec la même volonté de projection sur le temps long, Cécile Chevance (pôle offres) a insisté sur les réformes nécessaires en matière de financement et d’autorisation (après celle des urgences). Des chantiers concernent les soins médicaux et de réadaptation (SMR), la psychiatrie, les soins non programmés, la radiothérapie et la dialyse. « Il faudra des leviers financiers pour accompagner l’adaptation dans les territoires », argumente-t-elle. Elle cite aussi l’exemple de la transformation des unités de surveillance continue en unités de soins intensifs polyvalents.
Enfin le partage des gardes entre public et privé ?
Un autre chantier sensible concerne la permanence des soins en établissement (PDS-ES). Sur ce sujet, une étude de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS, ministère), saluée par la FHF, montre que l’hôpital public pèse pour 83 % de l’activité de la permanence de soins et assure 69 % des lignes de garde et d’astreinte.
La FHF préconise une organisation responsable, solide et « équilibrée », afin d’éviter les ruptures de prise en charge et les hospitalisations évitables. Elle appelle en particulier à sortir de la « logique de concurrence » entre public et privé en matière de rémunération. Cette semaine, six syndicats de médecins libéraux (Avenir Spé, Le Bloc, CSMF, FMF, SML et UFML-S), les CME de l’hospitalisation privée et la FHP (cliniques) se sont déclarés prêts à endosser une « responsabilité territoriale » en matière de permanence des soins, mais à leurs conditions.
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