Des propos du directeur de l'agence régionale de santé (ARS) Grand Est estimant qu'il n'y a « pas de raison » d'interrompre les suppressions de postes et de lits au CHRU de Nancy ont suscité un tollé ce week-end, en pleine épidémie de coronavirus.
Interrogé vendredi 2 avril lors d'une conférence de presse téléphonique sur la situation épidémique dans le Grand Est, Christophe Lannelongue a estimé qu'il n'y avait « pas de raison de remettre en cause » le comité interministériel de la performance et de la modernisation de l'offre de soins hospitaliers (COPERMO), qui prévoit la suppression sur cinq ans de 174 lits (sur 1 577 en 2018) et de 598 postes au CHRU de Nancy (sur environ 9 000). « Nous aurons quelques semaines de retard mais la trajectoire restera la même », a-t-il ajouté.
Ces dires ont suscité la colère de nombreux élus lorrains, de membres de la communauté médicale et de personnalités du monde de la santé, obligeant le ministre de la Santé à une mise au point. Olivier Véran s'est fendu d'un tweet dimanche 5 avril, estimant que, « à Nancy comme partout, l'heure est à la mobilisation de tous pour faire face au #COVID19 ». « L'heure viendra de tirer les enseignements de cette crise sans précédent & de refonder notre Hôpital. Tous les plans de réorganisation sont évidemment suspendus à la grande consultation qui suivra », a-t-il ajouté.
À Nancy comme partout, l'heure est à la mobilisation de tous pour faire face au #COVID19. L'heure viendra de tirer les enseignements de cette crise sans précédent & de refonder notre Hôpital. Tous les plans de réorganisa° sont évidemment suspendus à la grande consulta° qui suivra
— Olivier Véran (@olivierveran) April 5, 2020
Indécence
« Alors que les équipes du CHRU vont au bout du bout de leur investissement personnel, la position exprimée par (l'ARS) est à la fois déconcertante et indécente », avait auparavant tweeté Laurent Hénart, maire centriste de Nancy et président du conseil de surveillance du CHRU, qui a alerté le ministre de la Santé et le premier ministre dans une lettre cosignée le 4 avril avec le président de la commission médicale d'établissement, le Pr Christian Rabault.
Des médecins hospitaliers, libéraux et des internes ont également condamné la prise de position de l'ARS Grand Est.
Et voilà la crise n’est même pas terminée que le DG ARS Grand Est parle déjà de fermeture de lits. Ça suffit. Exigeons la démission du DGARS à la fin de la crise ! Nous ne voulons plus cette politique qui rue l’hôpital et des patients #LInverseResteAProuver pic.twitter.com/xkkLRd5hNG
— Mathieu MATTEI (@ledruide19) April 4, 2020
Rappel , par la loi de modernisation de la santé les ARS sont les relais de l’état
— DrMartyUFML-S (@Drmartyufml) April 4, 2020
Elles ne sont pas autonomes.
Voila donc une décision dégueulasse, sous les mots qui qualifient les soignants de héros transparait le cynisme froid technocratique : supprimer lits et hommes #COVID19 pic.twitter.com/jhCvUC9tnF
Donc tandis que les soignant·es, dont les internes, du Grand-Est font face au #COVID19 au péril de leurs vies, le DG de l'@ars_grand_est rappelle que le plan de suppression de postes (598) et de lits (174) au @CHRU_de_Nancy est toujours d'actualité.
— Léonard Corti (@L_C_SP) April 5, 2020
Quelle indécence! https://t.co/pAGcJmkea0
Le recadrage du ministre de la Santé a été salué par Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France.
Merci @olivierveran de remettre les points sur les "i" après des propos du DG #ARSGrandEst inacceptables et condamnables. C'est toute une politique fondée sur les seuls « critères d’efficience » qu'il faudra revoir car ils ont conduit à une réduction massive des lits et des moyens https://t.co/shB3ZTwXAa
— Frédéric Valletoux (@fredvalletoux) April 5, 2020
[Mise à jour lundi 6 avril à 15h15] : A la suite d'une interview de Christophe Lannelongue dimanche 5 avril à France 3 Lorraine, l'Intersyndicale nationale des internes (ISNI) réclame au DG d'ARS Grand Est de « présenter d’ores et déjà des excuses pour ses propos indécents et ses théories complotistes aussi inadaptées au regard de ses fonctions que délirantes ; et de remettre sa démission une fois la crise passée ».
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