Ségur de la santé ayant intégré « les professionnels exerçant en Ehpad », conférence des métiers de l’accompagnement social et médico-social, « revalorisation de 513 euros net mensuels » des médecins coordonnateurs… À un mois du premier tour de l’élection présidentielle, Brigitte Bourguignon a vanté son bilan, ce mardi, lors de la première édition des Assises nationales des soins en Ehpad, à Paris. Au total, trois milliards d’euros par an sont engagés pour la revalorisation salariale des professionnels exerçant en soutien à l’autonomie des personnes âgées, a poursuivi la ministre déléguée en charge de l’autonomie qui a qualifié cette aide d’« historique ».
Cercle vertueux
Au-delà des salaires, il faut « travailler sur la revalorisation des métiers du prendre soin », a plaidé la ministre, jugeant qu’il faut « collectivement mieux parler » de ces métiers pour « enclencher un cercle vertueux ».
C’est pour répondre à ces objectifs qu'elle a lancé en octobre 2019 un plan d’action pour les métiers du grand âge et de l’autonomie. Objectifs : développer les formations, répondre aux urgences des recrutements, améliorer les conditions de travail ou encore ouvrir de nouveaux postes d’aides-soignants en Ehpad (chiffrés à 20 000 depuis le début du quinquennat). Selon Brigitte Bourguignon, ce plan a permis d’atteindre en un an « 50 000 recrutements en Ehpad et 100 000 dans l’aide à domicile », tandis qu’un plan d’investissement de 2,3 milliards d’euros sera mis en œuvre entre 2021 et 2024 pour moderniser les Ehpad.
Mais, admet la ministre, « nous ne pouvons pas nous contenter d’un saupoudrage de crédits, d’un simple coup de peinture ». Il faudra par exemple « supprimer les chambres doubles, les toilettes sur le palier » qui sont encore une réalité dans beaucoup d’établissements, a avancé la ministre qui entend accélérer le virage domiciliaire.
Médicalisation accrue
Cet objectif ne pourra se faire sans les Ehpad eux-mêmes « qui doivent évoluer vers davantage d’ouverture sur l’extérieur et d’humanisation ». Brigitte Bourguignon souhaite ainsi ouvrir des tiers-lieux dans chaque établissement pour « faire rentrer la vie », mais aussi « tisser des liens intergénérationnels », ce qui passe par un jumelage entre l’Éducation nationale et ces structures. Surtout, le modèle des Ehpad devra évoluer vers « davantage de médicalisation », admet la ministre. Près d'un tiers des Ehpad n'ont pas de médecin coordonnateur.
Cette médicalisation des Ehpad est également réclamée par la Pr Nathalie Salles, présidente de la Société française de gériatrie et de gérontologie (SFGG) et par le Pr Claude Jeandel, président du Conseil national professionnel de gériatrie (CNPG), coauteur d’un rapport pour améliorer la qualité de la prise en soins des patients et résidents dans ces structures.
Prévention et financement
La cheffe du pôle gérontologie du CHU de Bordeaux a fait plusieurs propositions dans le cadre de la campagne présidentielle. La société savante souhaite inclure les actions de prévention en Ehpad dans tous les domaines (iatrogénie, dénutrition, chutes, dépression, dépendance, etc.) et intégrer la prévention de la dépendance dans le calcul du financement du séjour. Autre objectif : changer l’organisation des soins pour les amener « au plus près des résidents âgés » et pérenniser le déploiement des hotlines qui ont joué « un rôle de lien » et permis « d’être un temps de soutien, d’écoute, de conseil, d’appui gériatrique aux médecins coordonnateurs ».
Pour renforcer l’attractivité des métiers du grand âge, la SFGG propose aussi de revaloriser les salaires, de réajuster les maquettes organisationnelles au regard de la charge en soins, de repenser la formation initiale et continue des soignants « avec des innovations pédagogiques ». Enfin, elle milite pour la pleine intégration de nouveaux métiers, notamment les infirmiers en pratique avancée (IPA) en gériatrie, dont le décret est « urgent à reconnaître ».
Un avis partagé par le Pr Jeandel pour qui les IPA devront être « revalorisés » pour qu’ils puissent « servir d’appui aux médecins coordonnateurs ». Le gériatre de formation a rappelé plusieurs recos de son rapport sur le volet « ressources humaines » dont l'augmentation nécessaire du temps de médecin coordonnateur et la revalorisation des infirmiers coordonnateurs (Idec) qui doivent, selon lui, avoir un statut à part entière.
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