L’ancien directeur du centre hospitalier intercommunal du pays de Revermont (CHIPR)* à Salins-les-Bains a-t-il (trop ?) fait chauffer la carte bleue de son établissement pour voyager aux frais de la princesse ? Parti à la retraite en juillet 2023 après dix-neuf ans à la tête de l’hôpital, Bruno Tournevache est mis en cause par le dernier rapport de la chambre régionale des comptes Bourgogne Franche Comté qui s’interroge sur plusieurs déplacements « qui ne semblent pas relever de l’intérêt direct de l’établissement ».
L’analyse des comptes a montré que l’ancien directeur s’est déplacé plusieurs fois à l’étranger à Bruxelles en 2020 et 2021 pour des interventions ou des contacts à l’université libre de Bruxelles (ULB), Amsterdam ou Luxembourg pour le salon des nouvelles technologies en 2022. Bruno Tournevache a participé à d’autres salons plus prestigieux comme celui du World Hospital Congress à Oman en 2019 ou à Dubaï en 2022 pour un coût d’environ 3 500 euros.
En 2023, rapporte la Cour régionale, les dépenses de voyages, déplacements et missions ont coûté à l’hôpital 24 593 euros.
Ces rencontres auraient sans doute gagné à être organisées en visioconférence
Rapport de la chambre régionale des comptes à propos des rendez-vous physiques pour recruter des médecins
L’ex-DG est également incriminé par la chambre régionale pour ses voyages en France, notamment « pour avoir rencontré des médecins potentiellement candidats pour un poste au CHIPR », soit une quinzaine de déplacements entre 2019 et 2022 sur Paris, Toulouse, Monaco, Nice, etc. « Des rencontres qui auraient sans doute gagné à être organisées en visioconférence », d’autant qu’elles n’ont donné lieu à aucun recrutement. Les rapporteurs regrettent de ne pas avoir pu vérifier « l’exactitude de ces voyages », n’ayant pas eu accès à la liste des médecins rencontrés ni aux comptes rendus de ces rendez-vous.
Ordre de mission permanent délivré par lui-même
Circonstance aggravante, Bruno Tournevache a préféré prendre l’avion, ce qui a généré des coûts trois à quatre fois supérieurs au train et n’a pas apporté non plus de gains de temps. Des pratiques donc non conformes à la réglementation existante qui exige que la voie des airs ne soit pas plus coûteuse que le chemin de fer, sauf si elle est économe en temps de transport.
En temps normal, des ordres de mission spécifiques doivent être délivrés pour de tels mouvements. Mais Bruno Tournevache a bénéficié « d’un ordre de mission permanent, délivré chaque année par lui-même, qui prévoit très largement une autorisation pour tous déplacements liés à sa fonction, qui n’a fixé aucune limite géographique, contrairement aux bonnes pratiques », taclent les rapporteurs. Or l’ex directeur s’est déplacé entre 2019 et 2022 à de multiples reprises avec un véhicule et une carte bancaire de l’hôpital pour régler ses frais de carburant, péage et parking.
La direction du CHIPR, sollicitée par le Quotidien, n’a pas souhaité apporter de commentaire.
Le CHIPR fait partie du GHT Jura Sud. Il regroupe le centre de rééducation et de réadaptation fonctionnelle de Salins-les-Bains, l’hôpital d’Arbois, l’Ehpad de Poligny, l’Ehpad de Sellières, ainsi que l’Ehpad de Bracon ouvert en 2022, soit au total 154 lits et places de SMR, et 458 places d’Ehpad
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