Système « caduque et à repenser » pour certains, « en grande difficulté » pour d'autres voire « à bout de souffle » pour les plus sévères : les intervenants invités par le conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM) à débattre sur l'accès aux soins dans les territoires n'ont pas mâché leurs mots.
C'était pourtant le jour qu'avait choisi le CNOM pour présenter son flambant neuf « observatoire des initiatives dans les territoires », mis en ligne sur internet, et qui recense les solutions nées du terrain pour apporter des réponses aux difficultés d'accès aux soins. Une bien maigre consolation tant le constat dressé par les intervenants était alarmant.
Favoriser l'installation de médecins sur un territoire est une chose, pérenniser leur présence en est une autre. Les effets d'aubaine créés par les zonages territoriaux peuvent se révéler à double tranchant. Le Dr Stéphane Pinard en sait quelque chose. À l’origine d'un ambitieux projet de coopération ville/hôpital à Belle-Île-en-Mer (Morbihan), le généraliste a réussi à attirer huit médecins sur son territoire, où il était tout seul initialement. Un succès garanti notamment grâce au zonage favorable dont il a bénéficié… Et qu'on lui a retiré. « À peine quatre ans après avoir sorti la tête de l'eau, on nous a retiré le statut de zone prioritaire et tous les avantages fiscaux qui vont avec », regrette le médecin breton. « Il serait bien de faire tenir un peu les aides dans le temps car cela peut mettre en péril ce qui a été accompli. »
Irriguer le territoire de PH
Pérenniser les mesures d'attractivité est donc indispensable si l'on veut voir se maintenir les initiatives territoriales. Proposer des avantages fiscaux aussi. Lors des échanges, il a été suggéré à plusieurs reprises de faciliter l'installation de médecins retraités en les exonérant de cotisations à l'URSSAF et à la CARMF. « Avec une telle mesure, on pourrait récupérer 4 000 à 5 000 médecins sur l'ensemble du territoire », soutient le Dr Jackie Ahr, trésorier du CNOM. « Il faut augmenter encore les seuils de cumul emploi retraite », a de son côté argumenté le député urgentiste Thomas Mesnier, auteur il y a quelques mois d'un rapport sur les soins non programmés.
Enfin, les nouveaux groupements hospitaliers de territoire (GHT) en ont pris pour leur grade. C'est le Dr François Arnault qui a sans doute eu les mots les plus durs. Selon lui, les GHT excluent de facto les médecins libéraux alors qu'ils devraient être au cœur de la dynamique territoriale. « Les GHT sont le renforcement de ce qu'il ne faut pas faire, charge le délégué aux relations internes du CNOM. On a donné le pouvoir aux grands hôpitaux de cloisonner le territoire, pour l’irriguer avec des praticiens du CHU. Alors que c’est exactement l’inverse qu’il faut faire, se rapprocher des médecins aux qualifications tout à fait correctes qui exercent déjà dans les petites et moyennes villes. Mais, par principe, la pensée hospitalière ne se tourne pas vers eux. »
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