Sur un total de 22 000 médecins exerçant à l’AP-HP, premier CHU de France, le chiffre de 42 praticiens peut paraître très faible.
C’est en même temps un signe inquiétant, tant la question de la souffrance au travail reste un tabou au sein du corps médical. Dix-sept cas ont été signalés par le biais d’une messagerie ouverte en décembre 2013 (cvh.siege@sap.aphp.fr). La pratique des signalements reste encore peu répandue, note la sous-commission de la vie hospitalière, qui pilote la réflexion pour le compte de la CME.
Le management, problème numéro un
Hospitalo-universitaires, praticiens hospitaliers, praticiens attachés : « Tous les statuts sont concernés », constate la sous-commission. Tous les groupements hospitaliers le sont également, aucun hôpital n’est épargné. La sous-commission de la CME garantit une confidentialité totale aux médecins qui la contactent (pas d’intervention au niveau local sans que cela soit réclamé par le praticien).
C’est souvent une conjugaison de facteurs qui conduisent les professionnels à se sentir dans une impasse. Le management est le problème le plus fréquemment évoqué (17 praticiens). Les réorganisations et les conflits sont souvent cités également. A contrario, plus rares sont les médecins en souffrance à se plaindre d’un problème de santé ou d’une charge de travail excessive. Certaines situations, « insolubles localement », durent depuis des années, souligne la commission. Sentiment de mise à l’écart, dévalorisation de soi, arrêts de travail à répétition... : lorsqu’un praticien va mal, c’est parfois l’équilibre de tout le service qui vacille.
Exfiltrations discrètes
Dans ces cas très pénalisants pour le médecin et pour l’équipe, la CME de l’AP-HP énumère les raisons qui expliquent le statu quo :manque de temps consacré à l’écoute entre confrères, méconnaissance des passerelles offrant un nouveau départ, passivité de l’administration. Quand la situation devient explosive, le professionnel est parfois « exfiltré » (du service, de l’établissement). Mais il y a « peu d’actions » sur les causes profondes du problème, déplore la sous-commission.
Cette instance compte envoyer un questionnaire sur les conditions de travail à l’ensemble des médecins de l’AP-HP. Elle propose d’améliorer l’information à disposition des praticiens, et de sensibiliser les chefs de service et de pôle à la question des risques psychosociaux.
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