Si les personnels soignants des EHPAD ont exprimé leur vif mécontentement le 30 janvier, les directeurs d'établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux (D3S) ne sont pas épargnés par le malaise qui traverse le secteur.
Lors des récentes journées du Syndicat des managers publics de santé (SMPS), plusieurs d'entre eux ont témoigné de leurs contraintes quotidiennes, principalement budgétaires, qui tournent parfois au casse-tête.
Ces difficultés sont principalement liées au manque chronique de moyens et aux négociations bloquées avec les tutelles. « Depuis la réforme des unités de soins de longue durée en 2010 [les places en USLD ont été ramenées à 32 000 contre plus de 90 000 il y a dix ans], la suppression des lits a aggravé la situation des EHPAD, a témoigné un directeur d'établissement de la région Occitanie. L'agence régionale de santé ne veut pas autoriser de nouvelles unités ni créer de nouveaux lits, je négocie en vain… Y aura-t-il des instructions aux ARS pour redonner de l'air aux EHPAD ? » Présente pour expliquer sa mission parlementaire sur les EHPAD, la députée de Haute-Garonne Monique Iborra (LREM) a souligné que la reconstitution partielle des lits de longue durée n'était « pas tranchée » au ministère, davantage engagé sur la réforme de la tarification des EHPAD.
Prendre son bâton de pèlerin
Devant la déléguée générale de la FHF, Zaynab Riet, un autre directeur pointe les négociations vaines avec les ARS sur les budgets. « Je sors de deux CPOM [contrats pluriannuels d'objectifs et de moyens], mais en fait il n'y a rien à négocier avec les agences régionales ! On nous oppose à chaque fois le manque de moyens », indique-t-il. « Il faut prendre son bâton de pèlerin et mettre les ARS et les départements devant leurs responsabilités, conseille Zaynab Riet. Leur dire "si vous refusez de nous donner davantage, ça veut dire qu'il y aura moins de temps pour les toilettes, les repas, moins de douches pour les résidents". »
Un autre directeur regrette « les nombreuses injonctions paradoxales » qu'il subit. « On me reproche à la fois un manque de culture gérontologique, car je viens de la petite enfance, et en même temps on me demande de remplir des fiches de sécurité pour mon établissement en cinq exemplaires », proteste le jeune manageur, qui a dû négocier trois CPOM pour près de quinze budgets.
Face à ces témoignages, la représentante de la FHF a assuré qu'elle soutiendrait les directeurs dans leurs démarches pour défendre leurs établissements.
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