Selon une étude publiée ce vendredi 21 juin 2019 dans « Stroke », la revue de l’American Heart Association, travailler de manière prolongée est associé à un risque d’AVC supérieur à celui encouru en travaillant moins. La notion de temps de travail prolongé a été définie comme étant de dix heures minimum par jour pendant au moins 50 jours par an.
Un risque d’AVC accru de 29 % à 45 %
Parmi les 143 592 participants aux analyses, 1 224 AVC (0,9 %) ont été identifiés. Les résultats indiquent que le risque d’AVC augmente de 29 % pour les personnes travaillant plus de dix heures par jour, au moins 50 jours par an. Pour celles et ceux qui travaillent à ce rythme pendant plus de dix ans, le risque augmente de 45 %. « L’association entre-temps de travail prolongé et risque d’AVC n’a montré aucune différence entre les hommes et les femmes, mais était plus importante chez les personnes de moins de 50 ans », détaille l’étude.
L’étude a été menée par une équipe française de l'hôpital Raymond-Poincaré (AP-HP), des universités de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines et de Paris-Saclay avec l’INSERM. Elle s’appuie sur les données de la cohorte française Constances (sur l'âge, le sexe, le temps de travail et le tabagisme) qui regroupe 200 000 personnes âgées de 18 à 69 ans consultant des centres d'examens de santé. Un entretien médical complémentaire a été réalisé pour identifier des facteurs de risque cardiovasculaires et des antécédents d'accidents vasculaires cérébraux. « Les personnes employées à temps partiel et celles qui avaient déjà eu un AVC avant d'avoir un temps de travail prolongé ont été exclues de l'étude », rappelle l’AP-HP dans un communiqué de presse l’AP-HP.
Des effets directs et indirects
L'étude observationnelle ne permet pas de conclure à un lien de causalité, mais révèle « une association significative entre risque de survenue d’AVC et temps de travail prolongé sur une période égale ou supérieure à dix ans ». L’équipe soulève plusieurs hypothèses pour expliquer cette association statistique, d’après le Pr Alexis Descatha, spécialiste des pathologies liées au travail à l’hôpital Raymond-Poincaré AP-HP et co-auteur de l’étude.
« Travailler de manière prolongée a un effet direct sur le système cardiovasculaire. Certaines conditions de travail ainsi que le stress affectent la coagulation et le rythme cardiaque, explique le praticien. D’un point de vue indirect, cela modifie certains comportements. La consommation tabagique augmente, l’alimentation est déséquilibrée et l’activité physique réduite. »
Le Pr Descatha le rappelle : « Nous ne sommes pas les premiers à évoquer cette association. » L’étude confirme les conclusions d'une méta-analyse publiée en 2015 dans la revue « The Lancet », sur l'excès de risque d'AVC lié à un travail prolongé.
Elle y indique que travailler 55 heures par semaine ou plus augmente le risque d’AVC de 33 % par rapport à un travail hebdomadaire de 35 à 40 heures. « Si nous souhaitons connaître les mécanismes physiologiques sous-jacents, des investigations complémentaires seront nécessaires », note le co-auteur.
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