« Les médecins doivent entretenir entre eux des rapports de bonne confraternité ». C’est pour ne pas avoir respecté l’article 56 du code de déontologie médicale, et pour avoir contribué à déconsidérer la profession (article 31), que deux médecins de la polyclinique de Lisieux ont été sanctionnés par la chambre disciplinaire du conseil régional de Basse-Normandie à une peine de six mois d’interdiction d’exercice, dont trois fermes. La condamnation prendra effet le 10 décembre. Les deux médecins ont un mois pour interjeter appel.
L’Anesthésiste et le chirurgien urologue mis en cause s’étaient mutuellement insultés et bagarrés en salle d’opération. La scène s’est déroulée au mois de juillet 2017 sous les yeux d’une patiente en attente d’une intervention de promontofixation et de personnels soignants.
Fracture de l’orbite de l’œil
« Le Dr S. a saisi une cupule de bétadine qu’il a lancée en direction du Dr M. ; que celui-ci, couvert de produit, ainsi que le respirateur, le curamètre et le robot, a saisi le ciseau du robot mais a été ceinturé par un infirmier et emmené hors du bloc opératoire », raconte la chambre disciplinaire dans son verdict, que « le Quotidien » s’est procuré.
L’altercation entre les deux médecins se serait poursuivie dans les vestiaires et sur le parking. Résultat : 30 jours d’arrêt de travail pour l’un, victime d’une « fracture de l’orbite de son œil avec incarcération du muscle droit », et deux jours d’ITT pour l’autre. « Ces faits sont particulièrement graves, eu égard aux exigences déontologiques », souligne la chambre disciplinaire qui pointe les « comportements violents, inadmissibles » des deux praticiens.
Comment ces professionnels en sont-ils arrivés là ? Tout est parti d’un différent lié à l’organisation du travail. L’anesthésiste a reproché à son confrère d’avoir programmé, sans l’avertir, une opération qui n’était pas prévue au planning. Il aurait donc refusé d’anesthésier la patiente. En réaction, l’urologue a suggéré à sa patiente de porter plainte contre son confrère.
Désorganisation de la polyclinique
Pour la chambre disciplinaire, les deux praticiens ne sont pas les seuls à blâmer. L’établissement médical a aussi une part de responsabilité dans cet épisode navrant. « Il résulte de l’instruction que l’organisation de la polyclinique de Lisieux a démontré une carence sérieuse », « qu’elle n’a pas pris toutes les mesures relatives à son organisation aux fins de permettre aux membres du corps médical d’exercer leur art dans des conditions les plus adaptées », souligne l’Ordre dans son jugement.
À l'issue de l'audience, la direction de l’établissement avait reconnu à demi-mot une surcharge de travail liée à la démission d’un anesthésiste. « Ces dysfonctionnements ne sauraient toutefois exonérer les membres du corps médical » a néanmoins conclu la chambre disciplinaire qui a sanctionné les deux médecins.
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