Adaptant « Des hommes », le roman de Laurent Mauvignier publié en 2009, Lucas Belvaux évoque « la confrontation des destins individuels avec la grande Histoire, les souvenirs, la culpabilité, les blessures secrètes et les marques indélébiles que la guerre laisse dans les consciences ». La guerre sans nom, qui les a marqués à jamais à 20 ans et dont ils n'ont pas parlé pendant quarante ans, resurgit à la faveur d'une journée d'anniversaire. Gérard Depardieu, Catherine Frot, Jean-Pierre Darroussin et de jeunes acteurs prometteurs pour des allers-retours présent-passé.
Autre adaptation littéraire, celle de « Suzanna Andler », pièce de Marguerite Duras de 1968, par Benoît Jacquot, qui, jeune apprenti cinéaste, avait travaillé sur trois films de l'écrivaine, dont « India Song ». Dans « Suzanna Andler », il voit du « boulevard racinisé ». Pourquoi pas, puisqu'il s'agit bien d'une femme entre deux hommes, son mari qui la trompe en permanence, et l'amant, le premier, avec lequel elle a une relation ambiguë. En tout cas, c'est bien le son Duras que l'on entend dans les répliques pensives de l'épouse blessée jouée par Charlotte Gainsbourg et de l'amant faussement cruel incarné par Niels Schneider. Mis en scène avec style et élégance, un film un peu hors du temps, qui fait la part belle à son interprète principale.
Céline Sciamma écrit elle-même ses histoires. Celle de « Petite maman » repose, résume-t-elle, « sur une idée très simple : la rencontre et l’amitié entre une petite fille et sa mère enfant ». Cela se passe dans les bois, où les deux enfants (les jumelles Joséphine et Gabrielle Sanz) se rencontrent autour d'une cabane. Un voyage dans le temps, un conte qui laisse le spectateur libre de ses interprétations. Ce 5e long métrage de la réalisatrice du « Portrait d'une jeune fille en feu » fait partie, comme « Des hommes », de la sélection Cannes 2020.
Le 9 juin, deux rendez-vous entre autres. « Nomadland », film multirécompensé (Oscars, Golden Globe, lion d'or de la Mostra de Venise) de Chloé Zhao, qui suit à travers les États-Unis des victimes de la crise financière devenus nomades, l'oscarisée Frances McDormand en tête, mais aussi de vrais précaires. « Le Discours », comédie de Laurent Tirard avec Benjamin Lavernhe et Sara Giraudeau, d'après le livre de Fabcaro.