Né en 1927 à Dol de Bretagne, il commence ses études de médecine à Rennes en 1949 et les poursuit à Paris à partir de 1950. Interne puis chef de clinique, il passe notamment par l’hôpital Sainte-Anne, ce qui l’amène à s’orienter vers la neuropsychiatrie. Docteur en médecine en 1961, il exerce d’abord en pratique mixte – ville et hôpital - jusqu’en 1975 où il est nommé chef du service psychiatrie de l’hôpital Cochin, fonction qu’il exercera jusqu’à sa retraite en 1993.
Mais Francis Peigné s’est surtout illustré comme leader syndical et conseiller politique à partir des années quatre-vingt. Dans cette décennie de tous les dangers pour l’hôpital, il est une figure majeure de l’opposition aux réformes voulues par le ministre communiste de la santé : réforme de l’internat et du statut des médecins hospitaliers, suppression du secteur privé à l’hôpital et départementalisation avec l’élection par le personnel de ces structures remplaçant les traditionnels services. Il sera de toutes les manifestations, de toutes les AG, de tous les rendez-vous houleux au ministère de la santé et ses interventions dans les médias médicaux ne seront pas les moins remarquées.
Le ministre « rouge » parti, les aspects les plus provocateurs des réformes disparaissent en particulier sur l’organisation des départements hospitaliers – regroupement des services d’une même discipline pour échanger et mutualiser les moyens – avec la suppression de l’élection du chef par tout le personnel.
Rallié à la réforme, il prend la tête d'une intersyndicale
Convaincu de la nécessité de moderniser l’hôpital, le Dr Francis Peigné se rallie à cette réforme dans sa nouvelle version et acte ce revirement dans une retentissante interview au « Quotidien du Médecin », ce qui provoquera un choc dans le monde hospitalier à l’intérieur duquel le syndicalisme est atomisé. Une multitude d’organisations représentant chacune des spécialités et divisées par des clivages politiques rend impossible une expression cohérente. Le Dr Peigné prend la tête d’une intersyndicale soutenant les réformes et trouve en face de lui une autre intersyndicale hostile.
Sous ses allures de père tranquille du syndicalisme, Francis Peigné est déterminé à convaincre le monde hospitalier mais aussi politique que l’hôpital doit évoluer dans son organisation tout en conservant un statut attractif pour les médecins afin de continuer à attirer les meilleurs éléments. Un exercice d’équilibriste qui lui vaudra beaucoup d’incompréhension.
Francis Peigné était critiqué mais il était respecté pour la force de ses convictions et sa détermination.
En 1991, il entre au cabinet de Claude Evin, ministre de la Santé et des affaires sociales pour piloter, avec Édouard Couty, directeur des hôpitaux, une mission pour préparer la réforme hospitalière.
Après sa retraite, il se consacrera à un club dont l’objectif était de rapprocher le secteur privé et le secteur public et écrira un livre de souvenirs (1). Ces dernières années, il vivait retiré à Paris.
Nous présentons nos plus sincères condoléances à sa famille.
* «En toute franchise, Brèves chroniques de l’hôpital» – Mai 1981-Novembre 1998