J’EXPLIQUE
> Le périnée est un ensemble musculo-ligamentaire, en forme de hamac, situé au niveau du bassin qui soutient les organes urogénitaux. Un affaiblissement du périnée survient lors de la grossesse et de l’accouchement (hypermobilité cervico-urétérale liée à l’étirement des ligaments pubo-urétraux, l’élongation des muscles élévateurs de l’anus et du nerf pudendal), lors de la ménopause (par diminution de l’imprégnation œstrogénique) et en cas de chirurgie prostatique chez l’homme. Ces défaillances conduisent à l’incontinence urinaire (IU) (d’effort, par hyperactivité vésicale ou mixte), à l’incontinence anale (IA) (par impériosité ou passive) et au prolapsus génital.
> La rééducation périnéale renforce les capacités fonctionnelles des muscles striés du plancher pelvien et apprend à les utiliser correctement. Les muscles du périnée sont comme ceux des oreilles : il faut en avoir conscience pour les utiliser et apprendre à les manipuler convenablement.
> La rééducation se déroule donc en plusieurs étapes :
1. la prise de conscience des muscles périnéaux par sollicitation manuelle (contraction volontaire des muscles périnéaux sous contrôle digital du praticien) puis par électrostimulation (indolore, via une stimulation électrique provoquant la contraction musculaire à l’aide d’une sonde endo-anale ou endo-vaginale) ;
2. un travail de proprioception se fait par biofeedback qui reproduit par des signaux visuels ou auditifs l’intensité des contractions et relâchements des muscles périnéaux (à l’aide d’une sonde endo-anale ou endo-vaginale). Cette méthode permet de récupérer le contrôle de la tonicité du périnée ;
3. enfin, la restitution des contractions dans les activités quotidiennes se fait par l’apprentissage du verrouillage actif (lors d’effort de toux, de soulèvement de charge). Cette méthode enseigne la pré-contraction périnéale en contractant les muscles du périnée et non abdominaux avant la production de l’effort et pendant toute la durée de ce dernier.
> Un travail comportemental s’y associe : auto-entraînement, régularisation du transit, arrêt du tabac, réduction pondérale, diminution de la consommation de caféine (augmentation de l’hyperactivité vésicale) et de liquide, tenu d’un catalogue mictionnel.
JE PRESCRIS
> La rééducation périnéale est réalisée par un praticien expérimenté (kinésithérapeute, sage-femme) qui évaluera la tonicité des muscles par testing musculaire.
> Elle est nécessaire et parfois suffisante en traitement curatif de l’IU que ce soit d’effort, par impériosité ou mixte. L’électrostimulation semble plus efficace dans l’IU d’effort. En cas de prolapsus associé, l’indication chirurgicale est le traitement de 1re intention.
> Dans 85 % des cas, la prévalence de l’IU post-partum diminue à 3 mois. Passé ce délai, une rééducation d’une dizaine de séances, 1 à 2 fois par semaine est efficace et remboursé à 100 %.
> Les troubles anorectaux (IA passive/active) sont traités par rééducation dans un premier temps. Une écho-endoscopie et un EMG permettent de comprendre les éléments anatomiques défaillants (rupture de sphincter, neuropathie d’étirement).
> Les douleurs périnéales du post-partum (hypertonie des muscles releveurs de l’anus, cicatrice douloureuse, insuffisance musculaire pelvi-périnéale) provoquant des dyspareunies sont une indication à la rééducation.
J’ALERTE
> Devant une IU du post-partum, éliminer une fistule urinaire, une infection urinaire et une miction par regorgement.
> La pratique quotidienne à vie d’exercice d’auto-rééducation est indispensable au maintien de bons résultats.
> Après 20 séances de rééducation sans amélioration, un traitement alternatif doit être envisagé (chirurgical, médicamenteux).
> Informer les patients de la durée de chaque séance (20 à 45 mn) ainsi que des conditions de pratique (parties génitales dévoilées).
> Connaître les contre-indications de l’électrostimulation : dénervation récente (neuropathie d’étirement après accouchement), grossesse, infection vaginale, stimulateur cardiaque, prothèse métallique.
> Certaines méthodes ne doivent pas être encouragées : « stop pipi », cônes vaginaux, exercices Pilates ou encore ostéopathie.
JE RENVOIE SUR LE NET
http://urofrance.org/lurologie-grandpublic/lurologie-en-images.html
Etude et Pratique
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