Selon un rapport de l’OCDE sur la maladie mentale, une personne sur deux présentera un trouble dépressif au cours de sa vie. Dans ce contexte, une proportion non négligeable de la population bénéficie à un moment donné d’un traitement antidépresseur (environ 11% de la population adulte en France).
Afin de mieux cerner les caractéristiques ( âge, sexe, etc..) et le devenir de ces personnes sous antidépresseurs ainsi que les conditions de prescription de ces traitements, la Cnamts ( JP Fagot et al.) a mené une étude dont les premiers résultats ont été présentés au CMGF 2015 et relayée dans la revue Exercer*.
Ce travail a passé au crible, via le SNIIRAM, les données concernant l’ensemble des assurés adultes du régime général ayant bénéficié d’une première délivrance d’antidépresseur en 2011, en l’absence d’antécédents psychiatriques identifiés dans les 5 années précédentes.
Au cours de cette année-là, près de 950 000 adultes ont débuté un traitement antidépresseur. La proportion de patients traités était plus importante chez les femmes (sex ratio F/H de 2) et augmentait avec l’âge (âge moyen 50 ans).
Les molécules les plus fréquemment prescrites étaient les ISRS ( 64%) avec une large prédominance de l’escitalopram ( 33% des prescriptions). Venaient ensuite la paroxétine (15%), l’amitriptyline (11%), la fluoxétine (7%) et la venlaflaxine (7%).
La première prescription était suivie d’une nouvelle consultation dans un délai moyen de 23 jours. La durée médiane de traitement était de 28 jours et restait inférieure à 6 mois dans 83% des cas. Parmi les patients bénéficiant d’un renouvellement de traitement, un changement de molécules était effectué dans 30% des cas.
Dans la très grande majorité des cas (90%), les médecins généralistes étaient à l’initiative de la primo-prescription. Et dans l’année suivant l’initiation du traitement antidépresseur, seulement 12% des patients avaient eu au moins une consultation en psychiatrie libérale.
Ces résultats soulignent donc une nouvelle fois la place prépondérante des médecins généralistes dans la prise en charge des troubles dépressifs, via notamment la prescription d’antidépresseurs.
En 2012 une étude de la Drees ** conduite auprès d’un panel de plus de 2000 généralistes libéraux, allait dans le même sens. Ce travail montrait à la fois que les états dépressifs sont monnaie courante pour la profession, puisque 2/3 des généralistes déclarent y être confrontés au moins une fois par semaine. Mais aussi, que face à ce type de troubles, les MG n’hésitent pas à prendre les rênes et à les garder, se considérant bien formés pour faire face mais aussi faute de pouvoir adresser facilement leurs patients à un spécialiste. Avec à la clef un recours fréquent aux antidépresseurs et bien moindre aux psychotérapies.
Selon l’analyse de la revue Exercer, l’étude de la Cnamts « montre aussi comment l’utilisation d’une bas de données nationale représentant 85% de la population française (SNIIRAM) pourrait tendre à améliorer la qualité des soins ».
Reférence:
* Exercer 2015 ; 121 (suppl2) : s46-s47
** H DUMESNIL et al. « La prise en charge de la dépression en médecine générale de ville ». Études et résultats n° 810, septembre 2012
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