Après moins de 20 ans d’existence, l’année 2023 marquera la fin des redoutées épreuves classantes nationales (ECN) pour tous les étudiants en 6e année de médecine. De fait, la réforme du 2e cycle – votée en 2019 – enterre aussi les trois jours d'examen pour accéder à l’internat, synonyme d'un contrôle de l'accumulation de connaissances au prix d’une angoisse monstre pour les futurs internes (et d'un bachotage qui parasite toute la sixième année).
Les ECN seront ainsi remplacées par deux épreuves tout au long de cette sixième année, mêlant connaissances théoriques (plus réduites, moins surspécialisées) et compétences cliniques et relationnelles. Un décret, publié le 8 septembre précise les modalités d’examen et d’accession à l’internat.
EDN et ECOS
Ainsi, les épreuves se dérouleront en deux temps lors de cette dernière année d’externat. En octobre d’abord, les futurs internes passeront les épreuves dématérialisées nationales (EDN) – qui pèseront pour 60 % de la note finale. Puis en mai, viendront les nouveaux examens cliniques objectifs et structurés (ECOS), pour 30 % du score. Les 10 % restant seront consacrés à la valorisation du parcours universitaire de l’étudiant : double cursus, voyage à l’étranger, engagement, recherche… « C’est la fin du bachotage, et cela permettra d’avoir une 6e année plus professionnalisante car les étudiants seront en stage à temps complet », explique au Marie Bousigues, vice-présidente chargée des affaires sociales et des études médicales à l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF).
Note minimale
Première épreuve d’admissibilité à l’internat, les épreuves dématérialisées restent néanmoins une évaluation des connaissances théoriques, sous forme de QCM contextualisés ou de questions ouvertes par exemple. Cette note obtenue dès l'automne lors des EDN sera déterminante pour la suite. Le décret précise ainsi qu’une note minimale – à définir – devra être obtenue. Faute de quoi l’étudiant ne pourra participer à l’épreuve suivante : les ECOS.
« Les connaissances à acquérir sont désormais divisées en trois rangs de complexité : A, B et C. Et le rang A définit les savoirs de base, nécessaires à tout médecin. C'est sur ce programme que l’étudiant devra avoir au moins 14/20 », précise la représentante de l’ANEMF. Des épreuves de rattrapage sont prévues et le redoublement sera possible en cas « de force majeure ou pour une raison médicale dûment justifiée », souligne le texte. D’autres modalités de redoublement pourraient être précisées.
Seconde épreuve : la mise en situation clinique ou ECOS. Rédaction d’ordonnance, prise en charge d’un patient, mise en place d’une démarche préventive… Quelque 356 compétences pourront être évaluées, avec pour objectif de tester « les aptitudes comportementales de l’étudiant pour répondre à des situations cliniques contextualisées ». L’épreuve se déroulera à l’oral devant un jury composé de deux évaluateurs – dont l’un ne dépendra pas de la même faculté. « C’était très important pour nous, pour une question d’équité », souligne la responsable de l’ANEMF. Là aussi, une note minimale sera requise.
Place au matching !
Au-delà des examens, la réforme bouleverse surtout la procédure d’admission finale. Elle marque la fin du classement unique des 9 000 futurs internes. Exit la liste, place au matching ! Les affectations seront le fruit d’un savant mélange entre vœux des étudiants, postes offerts, et notes obtenues. En pratique, les étudiants formuleront leurs vœux de spécialités et de CHU de rattachement. Puis une pondération des trois notes obtenues sera appliquée de manière différente en fonction des spécialités souhaitées. Le tout sous l'égide d'un algorithme, en cours de développement. « La pondération permet d’établir non plus un classement national, mais un classement par spécialités. Donc 44 classements », décrypte Marie Bousigues.
En d’autres termes, « une question de cardiologie aura un coefficient très fort si vous postulez en cardiologie, moyenne pour la pneumologie, et faible pour une spécialité qui ne nécessiterait pas forcément ces compétences », détaille-t-elle.
La mise en place complète de cette procédure d’affectation est prévue pour 2024. Les étudiants qui passeront les derniers ECN en 2023 essuieront les plâtres des nouvelles épreuves mais conserveront la procédure d’affectation initiale à savoir, pour la dernière fois, le classement unique.