« Toutes les capacités hospitalières nationales ainsi que le maximum de médecins et soignants seront mobilisés. » Jeudi 12 mars, dans son adresse à la nation, le message d'Emmanuel Macron était clair : tout le monde sur le pont à l'hôpital ! « Nous allons faire appel aux internes de médecine, aux jeunes retraités et à la réserve sanitaire », lançait dès le lendemain Olivier Véran au micro d'Europe 1.
Partout sur le territoire, nombre d'hôpitaux n'ont pas attendu le cadrage de l'exécutif pour battre le rappel des seniors et des juniors. Dans le Rhône et dans plusieurs hôpitaux parisiens, des médecins retraités prêtent main-forte aux Centres 15 depuis une dizaine de jours en raison d'un afflux considérable d'appels.
À leurs côtés, des étudiants de deuxième cycle sont parfois sollicités en renfort. C'est le cas à Lille et à Dijon, explique Roxane Hellandsjö-Prost, présidente de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF). Mais ces appels se font au cas par cas, selon les facultés. « On attend des consignes claires du ministère pour connaître la conduite à tenir au niveau national », fait savoir l'étudiante.
Vendredi dernier, la conférence des doyens de médecine a invité carabins et enseignants engagés dans le service sanitaire à « participer aux plateformes d'orientation et de régulation ou à toute autre forme d'intervention ». De son côté, le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG) encourage les remplaçants et ceux ayant cessé leur activité à la « mobilisation volontaire » en privilégiant « dans un objectif d'efficacité, les fonctions et lieux d'exercices antérieurs ».
À Lyon encore, Antoine Reydellet, ex-président de l'Intersyndicat national des internes (ISNI), explique avoir été appelé en soutien dans un centre de prélèvement. « C'est le cas de tous les internes en santé publique et en médecine du travail », témoigne l'étudiant. Pour pallier les arrêts maladie aux urgences liées aux contaminations, « certains internes qui n'étaient pas aux urgences y sont rebasculés le temps de l'épidémie », poursuit Antoine Reydellet.
120 réservistes mobilisés
Pour venir en aide aux établissements en difficulté, le ministre de la Santé a mobilisé la réserve sanitaire au niveau national. Les Ordres nationaux (médecins et infirmiers) ont invité tous les volontaires à rejoindre la réserve sanitaire. Sur le papier, ce dispositif compte aujourd'hui environ 27 000 réservistes − soit 5 000 de plus que depuis le début de l'épidémie. Parmi eux, 62 % sont des paramédicaux, 28 % des médecins (dont 1 335 généralistes et 511 urgentistes), 9 % des personnels administratifs et 1 % des techniciens.
Mais sur cette manne, seuls 3 800 réservistes sont mobilisables car à jour de leur inscription, confie au « Quotidien » Philippe Segura, responsable adjoint de la réserve sanitaire. Surtout, une bonne partie de ces effectifs sont déjà en poste dans des hôpitaux en tension... Les 120 réservistes effectivement sur le pont (au 13 mars) sont composés de personnels retraités ou inactifs. La réserve recevait « une à deux alertes par jour liées au virus » en fin de semaine dernière, témoigne Philippe Segura. Bien souvent, comme à Mulhouse, il s'agit d'établissements qui ont « épuisé les solutions locales ». Les réservistes sont affectés à la régulation et dans les services en souffrance, notamment aux urgences.