Entre Israéliens et Palestiniens, la paix impossible

Publié le 28/05/2021
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En général, un conflit militaire du calibre de celui qui vient d'avoir lieu entre Israël et le Hamas précède des négociations et la recherche d'un compromis. Ce n'est pas le cas. La tension est encore très forte, les efforts diplomatiques sont insuffisants et les dégâts se trouvent à la fois dans les villes et dans les cœurs.
À New York, des manifestants, dont des juifs, en faveur de la Palestine

À New York, des manifestants, dont des juifs, en faveur de la Palestine
Crédit photo : AFP

La preuve en est qu'Israël et le Hamas revendiquent tous deux la « victoire ». Ils n'ont gagné, en réalité, que dans la mesure ou ni le gouvernement isralien ni les grands fanatiques du Hamas n'ont renoncé à en découdre une fois de plus. La Palestine et Israël se livrent une guerre permanente, avec de longues périodes de tension sans combats. On est tout à fait dans le cas de figure de « 1984 », de George Orwell : de temps en temps, une fusée est envoyée contre l'autre camp et vice-versa, comme ça, pour le principe, et sans autre but que de rappeler que nous sommes en guerre, que nous nous haïssons et que l'autre sera exterminé.

Cependant, pour la première fois, la guerre s'est étendue aux quartiers où populations juive et arabe vivaient en bonne entente : on s'y est battu, on s'y est même lynché et on a saccagé les biens des uns et des autres. En outre, la détente intervenue entre Israël et le monde arabe dans le cadre des accords d'Abraham a été arrêtée net. Les États-Unis de Joe Biden n'ont pas à l'égard d'Israël les dispositions de Donald Trump. Les pertes des deux côtés sont lourdes et les dégâts considérables. On voit mal qui a assez d'influence dans la région pour empêcher un nouveau carnage.

Notre pessimisme est inspiré par des faits têtus : quatre élections israéliennes en deux ans n'ont pas changé la majorité qui gouverne ; Benjamin Netanyahu, Premier ministre, n'a aucun désir de contribuer à la création d'un État palestinien qui vivrait en paix aux côtés d'Israël ; il n'y a pas non plus d'interlocuteur palestinien : Mahmoud Abbas est âgé et a avalé trop de couleuvres pour croire à une éventuelle négociation et le Hamas ne sait que lancer des roquettes. 

Il est important d'établir la liste des contraintes qui freinent la diplomatie, parce que, dans ce monde pervers, on a eu tôt fait d'attribuer cette énième crise au Proche-Orient au seul Israël. Erreur, délibérée ou non, d'analyse qui a conduit à ces manifestations en France où se sont étalés sans vergogne l'antisémitisme et la haine. C'est d'autant plus scandaleux que beaucoup de juifs européens ou américains souhaitent une paix négociée entre les deux peuples. Mais, bien entendu, il est préférable de dénoncer un complot international entre les Israéliens et la diaspora pour maintenir les Palestiniens dans leur état de servitude. 

Erreurs palestiniennes

La colère ainsi exprimée est censée apporter un soutien à une religion et à une ethnie. Curieusement, les énormes exactions commises contre des musulmans en Syrie, au Yémen ou en Chine contre les Ouigours ne provoquent, elles, aucune forme d'indignation verbale ou physique. Continuer à dénoncer « l'apartheid » en Israël alors qu'il existe plutôt en Chine n'ajoute pas une once aux espoirs de paix. D'autant qu'il y a d'autres raisons de manifester en faveur des Palestiniens : il faut bien commencer par ignorer ou enterrer leurs propres erreurs, comme celle de n'avoir jamais saisi l'offre de paix de l'État juif dans les années 90, ce dont personne ne parle plus, de façon à n'inculper qu'Israël, à le traiter de bourreau et, surtout, à faire oublier cette monstruosité qui consiste, quand le Hamas n'est pas content, à envoyer plus de 4 000 roquettes sur des civils. Les victimes ne sont pas uniquement celles que l'on présente comme telles. Et on ne saurait reprocher à Israël de « ne compter que  » douze morts. Se protéger n'est pas un crime.

Si le Hamas avait remporté une victoire, il n'y aurait pas de raison de manifester à Paris ; si les Palestiniens étaient les seules victimes, cela voudrait dire que le Hamas a essuyé une défaite. Ce n'est pas de cette manière infantile que l'on peut envisager une négociation et un accord de paix. On a vite reproché à Joe Biden d'avoir pris son temps, mais c'est une crise qui remonte à 1948 et personne ne l'a résolue avant lui. Personne, d'ailleurs, ne peut jurer qu'un État palestinien sera créé avant la fin du mandat de Biden. Car personne ne peut jurer que les Palestiniens eux-mêmes feront autre chose, dorénavant, que rechercher le soutien de l'islamo-gauchisme.

Richard Liscia

Source : Le Quotidien du médecin