Glace, Repos, Élévation et Compression restent les 4 piliers de la prise en charge.
l’entorse survient toujours suite à un traumatisme aigu en varus. Elle est d’autant plus grave que l’on retombe de haut et le pied en flexion plantaire. Une sensation de craquement ou de déboîtement est un élément de sévérité, de même que l’incapacité d’appui sur le pied, alors que la douleur n’en est pas un. L’œdème parfois énorme en « œuf de pigeon » apparaît rapidement en avant de la malléole externe. Si le réveil de la douleur à la mise en varus de la cheville établit le diagnostic d’entorse, les autres temps de l’examen local sont essentiels : ils permettent de justifier un éventuel bilan radiographique à la recherche d’une fracture et d’éliminer les autres lésions du diagnostic différentiel de l’entorse latérale : luxation des tendons fibulaires, entorse médio-tarsienne voire même rupture du tendon d’Achille !
La prise en charge s’appuie sur le protocole GREC (Glace, Repos, Élévation, Compression). « L’application de glace réduit l’œdème, ennemi du pied car il entraîne une insuffisance veineuse toujours préjudiciable (parfois définitive chez certaines femmes), et diminue la fibrose cicatricielle secondaire. Chez les sportifs, elle peut être appliquée tout au long de la journée pour une récupération plus rapide. La compression articulaire par un bandage élastique puis par une orthèse semi-rigide facilite la reprise de la marche en appui avec une béquille éventuelle, et contribue, elle aussi, à limiter l’œdème et la douleur. L’utilisation d’anti-inflammatoires ne doit pas dépasser quelques jours, car l’inflammation fait partie du processus normal de cicatrisation », explique le Dr Jean-Baptiste Courroy, spécialiste en Traumatologie du sport à l’Institut Nollet à Paris.à l’Institut Nollet à Paris.
Orthèse plutôt que strapping
?Il est essentiel de protéger le ligament durant le temps de la cicatrisation qui peut aller jusqu’à 6 semaines et plus selon la gravité de l’atteinte. Pour les enfants, le plâtre reste une bonne solution et souvent le seul moyen de faire respecter le traitement. Pour les adultes, on préfère utiliser des orthèses de cheville de type Aircast à la place des strappings utilisés auparavant. « Ces orthèses permettent la marche avec des chaussures simplement un peu plus larges. C’est un traitement fonctionnel très efficace qui, par rapport au plâtre, diminue le risque de phlébite et la durée des arrêts de travail… Il faut prendre le temps d’en expliquer le principe et le mode d’utilisation au patient : la porter même la nuit durant les trois premières semaines et ne pas l’abandonner lorsque la seule douleur a disparu, mais seulement une fois la performance de stabilité restaurée », insiste le Dr Jean-Baptiste Courroy.
La rééducation peut être débutée très tôt avant la fin de la cicatrisation, par une physiothérapie antalgique et un drainage veineux destiné à résorber l’œdème, surtout chez les femmes. Dès que possible, on commence une rééducation proprioceptive pour améliorer la stabilité articulaire, ainsi qu’un renforcement des muscles péri-articulaires. Le nombre de séances recommandé est de 10 généralement mais il varie selon la gravité de la lésion et la précocité de la mise en route du traitement. L’essentiel est d’obtenir une cheville non seulement souple et indolore mais, surtout, performante en termes de stabilité. Les douleurs résiduelles sont assez fréquentes ; elles peuvent bénéficier de traitements locaux par pommades, massages ou injections ciblées mais leur persistance après quelques mois justifie une nouvelle investigation clinique et une imagerie complémentaire adaptée. Les très bons résultats des traitements fonctionnels des entorses de cheville réduisent l’indication du traitement chirurgical à des cas particuliers ou à celui de lésions osseuses associées.
d’après une interview du Dr Jean-Baptiste Courroy, Institut Nollet, Paris