C'est un constat sévère que la fédération italienne des agences sanitaires hospitalières (FIASO) et l’observatoire E-Health viennent de dresser dans un rapport publié début octobre.
Selon cette étude fondée sur des données de la Fondation Gimbe (spécialisée dans la formation et la recherche en milieu sanitaire), la Sécurité sociale italienne est plombée par les fraudes, les abus au niveau des examens médicaux et des coûts pharamineux en tout genre. La note est pour le moins salée : 20 milliards d’euros de perte par an. D’où l’urgence de réorganiser le système dans son ensemble afin d’éviter les gaspillages qui génèrent un appauvrissement de la Sécurité sociale. Sans compter une perte d’efficacité qui se répercute sur les assurés, compte tenu par ailleurs du manque d’investissements dans ce secteur.
Coûteux dépistage
Ce rapport affirme que les soins et les examens médicaux non indispensables prescrits chaque année par les praticiens, désormais adeptes de la médecine préventive tous azimuts, représentent chaque année l’équivalent de 6,5 milliards d’euros. Les experts citent en exemple les tests de dépistage du cancer prostatique, pathologie souvent asymptomatique chez les personnes âgées. La plupart de ces cancers restent latents mais donnent lieu, en cas de dépistage, à des cycles systématiques de traitement coûteux pouvant s’avérer inutiles. « Si on prescrit le dosage de PSA puis un examen histologique à toutes les personnes âgées, on verra qu’un bon nombre de patients ont un petit cancer prostatique latent qui ne leur pose aucun problème. Mais à partir du moment où la pathologie est dépistée, le patient commence souvent des traitements qui ne rallongent aucunement sa vie » a indiqué dans la foulée du rapport de FIASO le Dr Gabriella Pinotti, spécialisée en oncologie, au quotidien turinois « La Stampa ».
Autre problème : les délais des listes d’attente et les coûts importants des tickets modérateurs qui retardent la mise en place de traitements ciblés et indispensables et en rebond, une détérioration progressive de l’état de certains patients. Encore une situation qui génère des coûts annuels supplémentaires pour la Sécurité sociale italienne d’une valeur de 3,2 milliards d’euros.
À tout cela s’ajoute les fraudes et les abus (4,7 milliards d'euros), les achats d’équipements à des prix excessifs (2,1 milliards d'euros) et l’absence de coordination au niveau du suivi médical.
Limiter la casser
Que faire pour limiter la casse et investir le montant de ces pertes pour améliorer un système de santé en pleine détresse ? Continuer l’opération de remise en ordre de la santé italienne, conseillent les auteurs du rapport qui citent certaines mesures déjà adoptées. Exemple : la mise en place d’un réseau appelé Hub & spoke qui permet aux structures dans l’incapacité de gérer les patients les plus complexes de se retourner vers des établissements hospitaliers hyperspécialisés. Ou encore la création de pools multispécialisés pour améliorer et optimiser le suivi médical des patients atteints de maladies chroniques et donc en situation de fragilité.
Au chapitre de l’intégration socio-sanitaire, l’un des grands défis est de réussir à garantir l’assistance quotidienne à domicile pour les patients malades chroniques et non autonomes. Selon la FIASO, un quart des agences sanitaires italiennes seulement est en mesure de garantir un tel service.