La dissolution n'en serait pas moins un geste démocratique car elle renverrait aux Français le soin de trouver (ou non) une majorité pour le président Emmanuel Macron. Les oppositions, qui estiment avoir le vent en poupe, mettent au défi le chef de l'État de choisir cette politique radicale. Pourtant, le recours à l'article 49/3 de la Constitution, qui a permis l'adoption du budget général et celui de la Sécurité sociale, n'a pas mis le gouvernement en danger. Toutes les motions de censure déposées par LFI et le RN ont été rejetées.
Une faribole, dans la bataille de la communication, est l'idée, plusieurs fois prononcée par les ennemis du pouvoir, que le gouvernement est minoritaire. C'est faux, il est majoritaire, il dispose d'une coalition réunissant 251 sièges, soit le double de la Nupes qui, avec ses 120 sièges, fait plus de bruit qu'avec mille. Dans le sentiment que la gauche – dans son ensemble – inspire à l'électorat, le fracas des discours et les analyses fausses jouent un rôle plus important que le nombre de députés. Aussi le défi lancé par LFI au pouvoir n'est-il pas partagé par ces partis qui se sont lancés dans la coalition de gauche pour mieux être phagocytés. Feraient-ils campagne ensemble qu'ils ne pourraient qu'envoyer un message inaudible, d'autant que les socialistes et les écologistes anti-Nupes auraient bien l'intention de peser sur la stratégie électorale de la gauche.
Sur l'aile droite de l'hémicycle, on ne voit vraiment pas ce qui ferait exploser la macronie. Il existe, bien entendu, un murmure permanent sur l'après-Macron : on connaît les candidats potentiels et ils sont nombreux, François Bayrou, Édouard Philippe, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, et j'en passe. Mais ils ont tous répété une évidence : à savoir qu'il n'y a pas l'espace d'une feuille de papier à cigarettes entre Emmanuel Macron et chacun d'entre eux. Bref, si des élections anticipées se produisent, il n'est pas excessif de dire que président a une bonne chance de récupérer sa majorité absolue.
Comment éviter la dissolution
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle Les Républicains ont agi jusqu'à présent avec une prudence de Sioux, refusant obstinément de voter la censure. Ils disposent de 62 sièges à l'Assemblée et ont la majorité au Sénat. Leur influence a diminué au profit du RN, qui pavoise à l'Assemblée, mais ils jouent un rôle charnière puisqu'il leur suffirait de conclure un pacte avec Macron pour former une majorité absolue sans dissolution. Ce que leur suggère leur ancien chef Nicolas Sarkozy qui pense qu'un tel rapprochement anéantirait les espoirs de la gauche jusqu'au-delà des élections de 2027.
On rejoindra l'ex-président, même si lui-même est boudé par l'aile la plus à droite des Républicains. La plus judicieuse des stratégies, c'est une coalition LR-macronie. Il y a d'autres avenues, notamment en direction de la gauche. Malheureusement, les Verts et les socialistes se sont fourvoyés dans une expérience qui devient plutôt une mésaventure. Ils ont minimisé la puissance toxique de Jean-Luc Mélenchon et ils ont souscrit à des initiatives qui n'ont rien changé. Il est temps que la gauche retrouve ses esprits et qu'elle rallie les sociaux-démocrates de type Hollande. Le pays est resté structurellement à droite, certes sous l'influence de l'ascension du RN, mais pas seulement. La droite représente aujourd'hui plus de 60 % de l'électorat.
Ni les élections de 2022 ni des élections anticipées ne rendraient compte de l'état d'esprit du peuple. La droite a pour elle le temps long, comme la gauche l'aura une fois que le pays se sera redressé. L'incident qui a opposé un député RN et un autre de LFI à propos de l'immigration, montre que le parti de Mme Le Pen est en train de se rediaboliser. Il aurait évité toute dérive raciste s'il avait élu Louis Alliot président. Il a préféré Jordan Bardella. Mission pour cet homme jeune, beau et élégant : rassembler le maximum d'électeurs au moyen d'un maximum de provocations.