« L'épidémie semble sous contrôle, » a annoncé prudemment le chef du gouvernement dimanche, ajoutant que « la situation s'améliore lentement » mais que la crise – qui s'est à ce jour traduite par 19 718 décès, soit près de 400 de plus en 24 heures, avec 30 610 malades encore hospitalisés — « n'est pas terminée ». Pendant près de deux heures, Édouard Philippe a fait le point sur l'épidémie. Il a délivré un bilan positif de la gestion de la crise en France depuis un mois : « La stratégie de confinement a correctement fonctionné » a-t-il annoncé, expliquant que, depuis le pic de l'épidémie, l'occupation des lits de réanimation est passée d'un maximum de 7 100 patients le 9 avril à 5 833 le 19 avril.
Sur la perspective de déconfinement à partir du 11 mai, le Premier ministre a renvoyé à un plan dans quinze jours. « Notre vie à partir du 11 mai ne sera pas exactement notre vie d'avant, du moins pas tout de suite » a-t-il prévenu. Il a néanmoins insisté sur l'objectif qui prévaut pour cette nouvelle phase. Alors que le taux de contamination par personne contaminée, le R0, est estimé par les experts à 0,6 actuellement, le but serait de maintenir ce ratio autour ou en dessous de 1.
Davantage de masques, peut-être obligatoires dans les transports en commun
Concernant les moyens qui seront mis en œuvre dans cette nouvelle période, il a promis que le déconfinement s'accompagnera d'une politique vigoureuse de dépistage : « nous allons devoir tester vite et massivement tous ceux susceptibles de porter le virus » Enfin, il a insisté sur l'isolement strict des porteurs du virus, qui auront le choix entre un confinement à domicile, soit dans un autre lieu, de type hôtel. Et il a souligné l'importance du maintien des gestes barrières, en n'excluant pas obligation du port du masque dans les transports en commun et commandes de masques en tissu pour le grand public.
Sur les matériels de protection, Édouard Philippe a indiqué une forte montée en charge de la production et des importations : 81 millions par semaine actuellement pour une consommation hebdomadaire de 45 millions. « Ces bons chiffres permettent d'envisager un élargissement de la politique de distribution des masques dans les prochaines semaines » a-t-il mentionné. Le ministre de la Santé a pour sa part estimé que « l'approvisionnement en masques s'est considérablement renforcé. » Mais Olivier Véran a admis « des tensions » sur les masques FFP2 pour les soignants, ainsi que sur les surblouses et charlottes et sur les médicaments de réanimation, curare et midazolam notamment. Il a par ailleurs promis un doublement du nombre de respirateurs d'ici à la fin juin.
Véran aux Français: «Faites-vous soigner ! »
Enfin, le ministre a lancé un appel au recours aux soins : « Le confinement ne doit pas être synonyme de renoncement aux soins » a-t-il martelé, faisant état d'une forte baisse de l'accès aux généralistes et spécialistes, avec des patients diabétiques fortement déséquilibrés, un relâchement sur le dépistage des cancers et sur la vaccination des enfants. « Faites-vous soigner, » a-t-il lancé, à l'intention notamment des malades chroniques, rappelant les possibilités de télémédecine et/ou consultations par téléphone et une reprise prochaine de l'activité tout-venant dans les hôpitaux. À l'intention des soignants, il a aussi annoncé une garantie de salaire de 84 % s'ils tombent malades.