Prudence
Très peu de recommandations officielles existent concernant la femme ménopausée qui souhaite reprendre une activité sportive. Pourtant, si le sport est, comme à tout âge, bénéfique pour la femme ménopausée, la prudence s'impose et le praticien doit rechercher une coronaropathie. Les coronaropathies de la femme ménopausées sont plus méconnues, sous-diagnostiquées, sous-traitées, de présentation clinique atypique et sont surtout plus souvent mortelles. Il s'agit, en effet, de la cause de mortalité la plus fréquente chez la femme dans les pays industrialisés. Après la ménopause, la prévalence des facteurs de risque cardio-vasculaire est loin d'être négligeable et l'on retrouve fréquemment : une sédentarité, une obésité abdominale, une hypertriglycéridémie (facteur de risque plus important chez la femme), une hypertension artérielle, un diabète, des antécédents ou une consommation actuelle de tabac, voire un syndrome d'apnées du sommeil.
Interrogatoire très précis
Le premier temps du bilan cardio-vasculaire de la femme ménopausée s'appuie surtout sur un interrogatoire très précis qui va permettre d'évaluer les facteurs de risque et de savoir s'il s'agit d'une prévention primaire ou secondaire. Cet interrogatoire devra s'intéresser aux antécédents de la patiente (notion d'insuffisance coronaire, atteinte rénale, accident ischémique transitoire…), rechercher un tabagisme, une hérédité familiale coronaire, une symptomatologie à l'effort, l'existence de palpitations, de lipothymies, de perte de connaissance, de dyspnée, de douleur… Cet interrogatoire doit prendre du temps et être rigoureux.
Examen clinique
L'examen clinique évaluera le poids, la taille, l'indice de masse corporelle (IMC), la tension artérielle, la fréquence cardiaque, le périmètre abdominal (si supérieur à 80 cm, il représente un des signes du syndrome métabolique) et recherchera un éventuel souffle cardiaque ou artériel.
Biologie
Un examen biologique sera réalisé (patiente à jeun depuis au moins douze heures) : glycémie, cholestérol, HDL et LDL cholestérol (le LDL augmente à la ménopause et le HDL a tendance à baisser), fonction rénale, ionogramme sanguin, CRP et éventuellement microalbuminurie. Les résultats de ces différents examens biologiques et de l'examen clinique permettront une première stratification du risque cardio-vasculaire.
ECG de repos et d'effort
Un électrocardiogramme de repos est absolument indispensable à la recherche d'une hypertrophie ventriculaire, d'un trouble de la conduction, d'un trouble du rythme ou d'éventuels signes ischémiques. Quant à l'électrocardiogramme d'effort, il doit faire partie également du bilan de la femme ménopausée souhaitant reprendre la pratique sportive, même si cet examen présente des limites chez la femme, du fait de capacités physiques moindres ; il existe des indices de scores ergonomiques permettant d'augmenter la valeur pronostique de cet examen.
Autres examens
Pour certaines femmes à haut risque avec de nombreux facteurs de risque ou une atteinte d'organe cible et lorsque l'épreuve d'effort n'a pas été productive, il faudra se tourner vers d'autres examens complémentaires. La discussion reste ouverte pour évaluer au mieux la place de la scintigraphie myocardique et de l'échographie de stress à la dobutamine ou d'effort pour dépister ces coronaropathies de façon à permettre de reprendre ou de continuer le sport de façon optimale et en toute sécurité.
Enfin, il ne faudra pas oublier de s'intéresser au sommeil de la femme.
En effet, chez celle qui a un syndrome métabolique, qui est diabétique et en surpoids, l'éventualité d'un syndrome d'apnées du sommeil sera à prendre en compte. Il va être à l'origine d'une augmentation des pathologies cardio-vasculaires, d'une apparition d'une hypertension résistante, mais également d'une athérosclérose précoce et plus rapidement évolutive.
D'après la communication du Dr F. de Roquefeuil (hôpital Ambroise-Paré, Boulogne) lors de la Journée femme, médecine et sport, parrainée par Amélie Mauresmo et organisée par DM Santé, avec la participation du club des cardiologues du sport, l'ACM et l'Association groupe ST.
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