Plan Cancer
On ne peut parler d'annonce de diagnostic de cancer sans évoquer le dispositif d'annonce du cancer, souligne le Dr Isabelle Piollet (Avignon).
L'amélioration des conditions d'annonce du diagnostic de cancer, devenue une mesure emblématique du plan Cancer 2003-2007, est un objectif que poursuivent la Ligue contre le cancer et son réseau de malades, le ministère de la Santé et l'Institut national contre le cancer depuis les premiers états généraux des malades du cancer en 1998.
Après cinq années de travail, d'enquêtes et une expérimentation nationale d'un an, des recommandations ont été élaborées pour la mise en place d'un dispositif d'annonce du cancer dans tous les établissements de santé.
L'annonce du diagnostic est-elle différente chez le sujet âgé ?
Un risque de déséquilibre
Les personnes âgées subissent les multiples conséquences du vieillissement de façon très variable, d'un individu à l'autre : leur âge chronologique peut être très différent de leur âge physiologique qui reflète leur état de corps et d'âme et, en somme, l'histoire de leur vie.
La population des sujets âgés est une population très hétérogène avec cependant un point commun : l'annonce du diagnostic de cancer est un choc qui peut provoquer un déséquilibre, précise le Dr Isabelle Piollet.
«Face à un patient dont l'intégrité physique et psychologique est déjà altérée, le diagnostic de cancer va aggraver sa perte d'autonomie. Face à un sujet âgé dont l'équilibre physique et psychique est apparemment préservé, l'annonce du diagnostic peut rompre cet équilibre. »
Les personnes âgées ne sont pas démunies de capacités adaptatives, mais la qualité de l'information délivrée est essentielle dans le processus d'adaptation psychologique car, avec l'avancée en âge, ce processus est plus lent à se mettre en place.
Le temps
L'annonce du diagnostic passe par une information médicale en termes simples, compréhensibles, et un temps de communication, d'écoute et d'entretien suffisamment long consacré à l'évaluation du patient, notamment de ses capacités sensorielles, cognitives et émotionnelles, pour savoir ce que le patient peut retenir du message délivré par le médecin.
En effet, les difficultés de communication peuvent être dues à des altérations sensorielles (les personnes âgées entendent moins bien, mais n'osent pas faire répéter), à des facteurs cognitifs (intégration plus lente des informations, donc besoin d'un temps plus long pour poser des questions, pudeur, résignation, méfiance…) et à des facteurs psychologiques souvent méconnus chez les sujets âgés.
Sidération
Le choc émotionnel dû à l'annonce du diagnostic peut provoquer une « sidération » du patient qui sera dans l'impossibilité d'entendre ce que le médecin lui dit. Le patient passera ensuite par différentes phases de réactions psychologiques au cours desquelles son désir d'information évoluera, mais il pourra aussi avoir des réactions passives (déni de la maladie, refus de soin) ou des réactions anxieu-ses, se traduisant par une agressivité, des plaintes somatiques. L'évaluation des faiblesses psychiques et émotionnelles du patient, mais aussi la connaissance de son environnement, de ses conditions de vie sociale et économique, de la nature et de la qualité du tissu familial permettent de mieux apprécier ses ressources.
Lors de l'annonce du diagnostic, la présence d'un proche est souhaitée, mais en dehors de troubles neuropsychiques majeurs, l'annonce du cancer doit être faite au patient en priorité, quelle que soit la demande de la famille.
Monaco. Une réunion « Age oncologie ». Session psycho-oncologie présidée par les Pr M. Benoît (Nice) et D. Serin (Avignon).
Communication du Dr Isabelle Piollet, psychiatre (Avignon).
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