PRATIQUE
Certaines pathologies voisines de la sphère bucco-dentaire peuvent être responsables d'halitose : rhinites, sinusites, amygdales cryptiques ou tumeurs nasopharyngées. La cause peut aussi être pulmonaire (bronchites, pneumonies, néoplasies) ou digestive (reflux gastro-sophagien, hernie hiatale).
Dans d'autres cas, les composés volatils sont libérés par voie respiratoire après absorption digestive et passage sanguin. C'est le cas pour l'alcool, les composés de l'oignon et de l'ail, mais aussi pour certains médicaments (anticholinergiques, phénothiazines...).
L'acidose et l'hyperglycémie du diabète produisent des corps cétoniques volatils. L'urémie de l'insuffisance rénale s'accompagne d'une haleine ammoniaquée. Le fetor hepaticus de l'insuffisance hépatique est caractéristique.
Un test simple permet de confirmer l'origine locale ou générale de l'halitose : on demande au patient de souffler à travers les narines en maintenant la bouche et les lèvres fermées. Si l'odeur apparaît, il s'agit d'une cause générale. On lui demande ensuite de pincer le nez et de fermer la bouche, de rester quelques secondes en apnée puis d'ouvrir la bouche sans respirer. Si la mauvaise odeur apparaît, il s'agit d'une cause locale bucco-dentaire.
L'halitose est, dans ce cas, liée à la production de composés sulfuriques volatils provenant de la dégradation par les bactéries anaérobies des acides aminés ou acides gras libres de la cavité buccale (alimentation, salive ou cellules buccales).
De multiples causes odontostomatologiques sont possibles, favorisant l'existence de réservoirs de germes anaérobies, la rétention de débris alimentaires ou l'augmentation de la concentration des protéines : ulcérations buccales, inflammation gingivale, atteintes parodontales profondes, caries et infections dentaires, restaurations ou prothèses inadaptées, défectueuses, malpositions dentaires, enduit de la face dorsale de la langue, sécheresse buccale (déficit d'apports, médicaments, etc.).
La consultation spécialisée dentaire ou stomatologique est le plus souvent nécessaire, aidée par une radiographie panoramique des maxillaires.
Après bilan, le traitement reposera sur les soins de caries, le changement des restaurations ou prothèses défectueuses, la prise en charge appropriée des parodontopathies et l'élimination mécanique, au cabinet, du tartre. Une amélioration de l'hygiène buccale sera recherchée en renforçant le brossage dentaire, en utilisant le fil dentaire, un hydropulseur, un gratte-langue en cas d'enduit lingual important, une solution buccale antiseptique.
Le recours à des produits odorants masquant la mauvaise haleine, tels les chewing-gums ou bonbons à base de menthe, parfois riches en glucides assimilables, est insuffisant. De simples modifications des habitudes alimentaires (ail, oignon, épices, alcool), une diminution de la consommation tabagique à défaut d'obtenir son arrêt, une réhydratation correcte (surtout au coucher pour réduire l'halitose du réveil) contribuent à lutter contre cette gêne ou ses conséquences sociales.
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