REFERENCE
Les troubles de l'apprentissage ont de lourdes conséquences car ils aboutissent à l'échec scolaire et ses conséquences, troubles du comportement et difficultés professionnelles. Si les causes socioculturelles, pédagogiques et psychoaffectives sont au premier plan, les causes neurologiques et neuropsychologiques ne doivent pas être sous-estimées : déficience globale (QI entre 60 et 80 et < 60) et déficits spécifiques. Dans ce dernier cas, l'enfant a une fonction cognitive altérée (parfois plusieurs fonctions) et les stratégies de compensation vont s'appuyer sur des fonctions cognitives préservées.
On distingue les troubles du développement du langage, qui va du simple retard à la dysphasie, les troubles de fonctions non verbales (dyspraxies, dysgraphies), les troubles déficitaires de l'attention, les troubles spécifiques de l'apprentissage de la lecture (dyslexie), de l'orthographe (dysorthographie) et du calcul (dyscalculie).
Il n'y a pas, à l'heure actuelle, d'étude définissant les critères de bénignité d'un trouble du langage oral (simple retard transitoire qui guérit vers 5-6 ans, mais peut-être responsable de dyslexie dans 25 % des cas). La dyslexie n'apparaît pas avant l'apprentissage de la lecture ; à 5 ans, un enfant peut être seulement « à risque de dyslexie », souligne le Dr C. Billard. Il convient de rappeler que ce trouble ne peut pas être expliqué par une déficience mentale, ni par une maladie neurologique, ni par des déficiences sensorielles. On peut suspecter la dyslexie devant un enfant de toute évidence intelligent et curieux mais qui n'a pas une conscience phonologique normale, car il n'arrive pas à répéter des logatomes et à découper les mots en syllabes et en phonèmes. Il est admis que les causes biologiques sont souvent intriquées aux causes psychoaffectives.
Au lieu d'attribuer trop rapidement les difficultés d'apprentissage de l'enfant à « un refus de grandir », il convient d'évaluer chacune de ses fonctions cognitives afin de pouvoir raisonner globalement en fonction des déficits présentés. C'est possible grâce à la batterie de dépistage BREV, permettant de préciser le profil du déficit cognitif et d'orienter l'enfant vers le professionnel compétent pour une évaluation standardisée. Ses dix-huit tests (quinze dans la version abrégée de passation de quinze minutes), qui ont été validés avec le soutien des Laboratoires GlaxoWellcome, explorent le langage oral, les fonctions non verbales (graphisme, discrimination visuelle, raisonnement spatial, planification), l'attention visuelle, la mémoire de travail et les apprentissages en lecture, orthographe et calcul.
A côté des neuropédiatres, des neuropsychologues, des orthophonistes et des médecins scolaires, les médecins généralistes peuvent aussi mesurer les progrès de l'enfant pour vérifier si la rééducation est efficace et appropriée.
De nombreux progrès restent à faire dans la prise en charge : pratique de rééducation intensive (trois séances par semaine et sur le temps scolaire) et adaptation des actions pédagogiques à l'école au rythme et aux capacités de l'enfant, note le Dr Billard.
D'après la conférence du Dr Catherine Billard (hôpital Bicêtre), lors d'une réunion du Syndicat des médecins scolaires de l'Education nationale Force ouvrière.
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