* L'expression « garder le meilleur pour la fin » prend tout son sens à l'écoute du nouvel album de Melody Gardot, « Sunset In The Blue » (Decca Records/Universal). La raison, un formidable duo avec Sting, en collaboration avec son guitariste de toujours Dominic Miller, sur le titre « Little Something », qui clôt le disque sur un rythme très pop-rock.
Quant au plat musical principal de la chanteuse/compositrice/guitariste et accessoirement animatrice radio (sur TSF Jazz), il se compose de standards, de titres originaux, de clins d'œil aux musiques latines et d'incursions dans la pop (avec parfois accompagnements de violons).
Le tout agrémenté de cette voix toujours suave et sensuelle. Toute résistance est inutile, tant ce travail relève d'une belle élégance.
Hors norme
* Parisien d'adoption depuis plusieurs décennies mais de culture bruxelloise, David Linx est l'un des rares authentiques chanteurs de jazz, qui se comptent sur les doigts d'une main. Multirécompensé, habitué à partager la scène, d'abord en tandem avec Diederick Wissels (piano), puis avec Paolo Fresu (trompette), André Ceccarelli (batterie), le Brussels Jazz Orchestra (BJO) et Natalie Dessay, il est devenu au fil du temps LE vocaliste jazzy européen.
Outre ses collaborations, sa très longue discographie parsemée d'hommages – Jacques Brel, Claude Nougaro, l'écrivain James Baldwin – révèle ses talents vocaux et une façon originale, quasi unique, de placer, d'articuler, de phraser, de swinguer les notes, les mots et les sons quand il scatte, sur plusieurs octaves.
Autant d'éléments singuliers que l'on peut écouter dans « Skin in The Game » (Cristal Records), son dernier CD, gravé en compagnie du trio de Grégory Privat (piano, avec Chris Jennings, contrebasse, et Arnaud Dolmen, batterie), plus des invités, dont Manu Codjia (guitare).
Le contenu est un disque expressif, avec des textes forts et souvent émouvants, qui dégage de la force et de la vitalité, mettant en valeur les multiples talents et toute l'énergie d'un chanteur vraiment hors norme.
* Camille Bertault a fait une entrée très remarquée dans le monde du jazz vocal voici deux ans, en adaptant, avec des paroles en français, l'une des pièces maîtresses de l'œuvre de John Coltrane, « Giant Steps », devenue « Pas de géant ».
Faisant fi des étiquettes musicales, la jeune femme présente « le Tigre » (Sony Music), une sorte de curiosité vocale puisant dans une multitude d'expressions, allant des intonations et de la caution jazz (grâce à la participation du pianiste Jacky Terrasson et du saxophoniste/flûtiste Stéphane Guillaume) à la pop culture en passant par des rythmes de marching bands de la Nouvelle-Orléans ou même une évocation de Chopin.
Avec des compositions originales et des textes en français de la vocaliste, dont le timbre de voix relativement (volontairement ?) monocorde et susurrant semble toujours en rupture d'intonation.