« Nous sommes fermement contre la substitution des médicaments biologiques par des biosimilaires à l'officine » : Anne Buisson, directrice adjointe de l'AFA (association François Aupetit, maladie de Crohn et rectocolite hémorragique) résume en ces termes la position d'un collectif* associatif mobilisé contre la substitution biosimilaire.
L'inquiétude porte sur la réforme qui pourrait être votée dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). À l'article 29, le texte en l'état prévoit certes l'abrogation pure et simple du droit de substitution biosimilaire pour des raisons de « traçabilité et de sécurité sanitaire » (droit inscrit dans la loi depuis quatre ans mais inapplicable en l'état). « Mais des amendements parlementaires pourraient rétablir ce droit de substitution », anticipe Sonia Tropé, directrice de l'association nationale de défense contre l'arthrite rhumatoïde (ANDAR).
Les associations font valoir que les biothérapies qui ont révolutionné la vie des patients « ne sont pas des médicaments comme les autres ». L'initiation d'un traitement avec le choix d'un médicament biologique de référence – et son éventuelle interchangeabilité – doit intervenir dans le cadre d'une décision médicale partagée uniquement avec le praticien prescripteur, alertent les associations. « Cela nécessite une véritable démarche d’appropriation et d’acceptation par les patients. Le processus d'apprentissage peut être long et conditionne l’adhésion au médicament », argumente Anne Buisson.
Avec un droit de substitution biosimilaire octroyé en pharmacie de ville (laissant aux officinaux la possibilité de changer de fournisseurs et de biosimilaires à chaque commande), les associations de patients craignent une perte de repères et de confiance. « Transférer le sujet en dehors du cadre du colloque singulier aurait des effets délétères comme nous l’a montré l’expérience des génériques provoquant une érosion durable de la confiance des malades », analyse Sonia Tropé.
Rétropédalage
Les associations défendent en revanche la possibilité d'interchangeabilité par les prescripteurs. « Même s'il peut y avoir une très bonne relation de confiance avec le pharmacien, le référent du patient est son médecin », avance Dominique Debiais, vice-présidente d'Europa Donna France, association contre le cancer du sein.
Lors d'une récente table ronde organisée par le magazine « Pharmaceutiques », la députée de Seine-Maritime, Agnès Firmin Le Bodo (UDI, Agir et indépendants), a jugé que l'abrogation du droit de substitution biosimilaire est un « rétropédalage paradoxal ». Elle préconise sur ce sujet de « repartir d'une page blanche ».
* AFA, Association nationale de défense contre l’arthrite rhumatoïde (ANDAR), Europa Donna France, France psoriasis, Ligue française contre la sclérose en plaques. Dix autres associations soutiennent le collectif.