Alors que se profile le déconfinement progressif, la communauté bisontine pluriprofessionnelle de santé (CBPPS) s'est retroussée les manches pour assurer la continuité des soins à domicile des patients atteints par le coronavirus tout en préservant la santé des soignants.
Soudée sur un groupe WhatsApp, l’association de 220 membres libéraux — dont 20 médecins généralistes — a créé une plateforme de coordination gérée par trois binômes d'infirmiers volontaires.
Le premier se charge de « réguler » les patients suspects ou contaminés adressés soit par l'hôpital, soit par des généralistes de Besançon (qui délèguent des télésuivis ou des consultations infirmières à domicile), soit par des cabinets d'infirmiers qui souhaitent se délester de leurs patients Covid-19. Ce binôme a également pour mission d'envoyer des « brigades » d'infirmiers équipés au domicile pour le suivi des patients infectés.
Un deuxième duo, aux manettes de la logistique, gère la mutualisation des équipements de protection individuelle (masques, blouses, gants), les appels aux dons et la sécurisation des brigades pour ces tournées Covid. Le dernier binôme est responsable des plannings des astreintes des professionnels volontaires.
Dynamique issue du terrain
Une équipe d'astreinte de généralistes est prévue pour le suivi des patients dont les médecins traitants ne sont pas disponibles (ou qui en sont dépourvus). Une vingtaine de généralistes bisontins participent ainsi bénévolement à ces astreintes ainsi que huit pédiatres qui assurent le suivi ponctuel des enfants. « Lors de l'élaboration de ce projet, nous médecins, avons constaté que nous étions mieux protégés que les infirmiers, les kinés et les sages-femmes, grâce à la téléconsultation. Pour nous rendre utiles, nous avons décidé de faire un groupe de volontaires d'astreinte », explique un praticien du collectif.
Pour éviter tout risque de détournement de patientèle, ce « pool » de libéraux a élaboré une charte conforme à la déontologie des diverses professions engagées (médecins, infirmiers, kinés, etc.). Les patients signent un consentement éclairé. « Ils doivent comprendre qu'après la période de contagiosité fixée à 21 jours après le début des symptômes, ils devront retourner vers leurs soignants habituels », précise Olivier Jorand infirmier libéral et président de la CBPPS.
Issue d'une dynamique de terrain, cette organisation collégiale préfigure la future communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) du Grand Besançon. « On espère que cet élan de solidarité entre les soignants va perdurer après l'épidémie », résume l'infirmier libéral.