ENFANT, à Trouville, près d'Oran, en Algérie, il montait des spectacles pour ses deux petites soeurs. À l'âge de 10 ans, il avait assisté à un spectacle Molière donné en tournée par la compagnie de Louis Jouvet. Décors et costumes de Christian Bérard. Inoubliable. Lorsque plus tard, en 1954, il avait gagné un concours du Secrétariat de la laine, il avouait ses hésitations à Michel de Brunhoff, alors directeur de « Vogue France » : «Ainsi que Bérard, je voudrais m'intéresser à plusieurs choses qui n'en font qu'une: décors et costumes de théâtre, décoration, illustration. D'autre part, je me sens extrêmement attiré par la mode.» Il sera le grand couturier que l'on sait, mais il sera aussi un homme de planches. Il aime tous les spectacles. La danse, le lyrique, le théâtre, le music-hall et jusqu'aux variétés.
Ses débuts pour le théâtre, ce sont un peu comme sa première collection pour Dior : un coup d'éclat extraordinaire. « Cyrano de Bergerac » pour les Ballets Roland Petit, créé en avril 1959 à l'Alhambra. Ce qui frappe d'emblée, c'est la beauté théâtrale des maquettes, des croquis, le sens inné du mouvement et des matières. La grâce. Et le sens de la précision. Il créera bien d'autres costumes pour Zizi Jeanmaire, dont le fameux « truc » en plumes.
En 1964, il entame une autre longue collaboration avec la compagnie Renaud-Barrault. Il dessine les beaux atours des personnages de Beaumarchais dans « le Mariage de Figaro », puis ceux de « Il faut passer par les nuages », de François Billetdoux. C'est lui encore qui imagine les robes de « Savannah Bay » en 1983 pour Madeleine Renaud et Bulle Ogier dans la pièce de Duras, avec qui il a commencé de travailler dès 1965 avec « Des journées entières dans les arbres » à l'Odéon puis pour « l'Amante anglaise », mise en scène de Claude Régy. Yves Saint Laurent est fidèle aux artistes. Il va de l'Olympia au palais des Sports, avec la compagnie. Et plusieurs saisons de suite il travaille à l'Opéra de Paris avec eux. Son parcours au cinéma, avec Catherine Deneuve notamment, est également intéressant.
Des livres, des expositions témoignent de ce passionnant travail. Yves Saint Laurent, comme tous les amoureux du grand théâtre, aimait aussi le music-hall : le ténébreux à la Ingrid Caven ou le plus éclaboussant comme Johnny Hallyday ou Sylvie Vartan… Il aimait les plateaux, les coulisses, il taillait dans la lumière et la couleur, mais il était demeuré un peu le petit garçon qui montait des spectacles, un théâtre d'ombres pour ses petites soeurs.
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