S'il n'avait, un beau jour de l'après-guerre, rencontré à la faculté de médecine, une jeune étudiante - qui deviendra sa femme - dont le père était ophtalmologiste, Yves Pouliquen serait-il devenu ce « croisé de la cornée » que vient d'élire l'Académie française (par 15 voix sur 28, contre 3 à l'écrivain et éditeur Louis Gardel) ?
Enfant, en Normandie, ce fils d'instituteur, né en 1931, voulait être peintre. Il a toujours eu, dit-il, « la passion du regard : une lumière, une couleur, l'expression du visage, les gestes inconscients du corps : tout est signe, tout est poésie ». Mais devenu médecin, le voici chef du service d'ophtalmologie de l'Hôtel-Dieu, à Paris, dont il fera un centre de référence mondiale et dont il est toujours médecin consultant. Il est aussi directeur du groupe de recherche en ophtalmologie de l'INSERM, deviendra membre de l'Académie de médecine et président de l'Organisation pour la prévention de la cécité. Ses travaux portent sur la structure de la cornée, ses anomalies et la mise au point, en cours, des cornées artificielles. Ils lui ont inspiré de nombreux ouvrages scientifiques, dont « la Transparence de la cornée », « l'Homogreffe de la cornée » ou « la Transparence de l'il ».
En 1994, il est le premier chirurgien français à recevoir le prix mondial Cino Del Duca, qui récompense un auteur dont l'uvre, littéraire ou scientifique constitue « un message d'humanisme moderne ». La même année, il se présente pour la première fois à l'Académie française mais est devancé par Jean Favier. En 1995, il signe un roman, sans quitter son domaine de prédilection : « les Yeux de l'autre » évoque des malades et un jeune médecin qui vit ses premières réussites et ses premiers doutes. Et en 1999, il publie « Un oculiste au siècle des lumières : Jacques Daviel », portrait d'un pionnier de l'ophtalmologie, au XVIIIe siècle.
« La passion de mon métier de chirurgien ne m'a jamais quitté », confiait-il il y a peu au « Figaro Magazine ». Cela n'exclut pas une autre passion, celle que ce médecin féru de Camus et de Proust éprouve pour la littérature française.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature