POUR SON 20e CONGRÈS, l’Unapl ne pouvait rêver meilleur calendrier.
En pleine campagne présidentielle, cet événement triennal a pris un relief particulier avec les interventions applaudies de deux prétendants à l’Elysée, Nicolas Sarkozy et François Bayrou. Absente, Ségolène Royal avait délégué l’ancien ministre socialiste de la Santé, Claude Evin, président de la Fédération hospitalière de France (FHF). Egalement convié, le PC n’avait pas de représentant.
Electorat stratégique (600 000 entreprises), les professions libérales ont eu droit à un concert de louanges. «Vous représentez un secteur socio-économique très important, dynamique», a lancé Claude Evin. «Vous êtes un des visages les plus précieux de la France, vous avez la clé de l’emploi…», s’est enthousiasmé François Bayrou. Avant que Nicolas Sarkozy affirme sa volonté de «valoriser» les libéraux qui «prennent tous les risques».
Dans des registres différents, chacun a tenté de convaincre ce monde libéral en répondant aux interrogations de l’Unapl sur l’Europe, la spécificité des très petites entreprises (TPE) ou la démographie.
Les intervenants ont dressé le même constat d’une Europe «en panne», qui «se délite». Claude Evin a insisté sur la nécessaire reconnaissance à l’échelon européen de la mission de «service public» assumée par les professionnels libéraux dans les secteurs de la santé et de la justice. Et de rappeler la «résistance» qui a permis d’exclure la santé de la directive « services », dite Bolkestein. François Bayrou plaide pour une relance de l’Europe qui respecte «les critères et les exigences de qualité» chères aux professions libérales. Quant à Nicolas Sarkozy, il entend proposer un «traité européen simplifié» pour sortir de l’ «impasse» et se dit partisan d’une concurrence «loyale».
Cap sur la simplification.
François Bayrou a été le plus précis pour défendre la «spécificité» de la petite et très petite entreprise (TPE) « mal entendue, mal défendue» pour laquelle il promet «une grande loi de protection et de soutien». Elle consistera notamment à ouvrir un vaste chantier de simplification administrative pour les libéraux (diminution drastique du nombre de textes en trois ans), à permettre à chaque entreprise de créer deux emplois sans aucune charge afin d’encourager l’embauche ou encore à forcer l’Etat à respecter les délais de paiement. Des mesures très bien accueillies.
Nicolas Sarkozy a rappelé sa proposition phare de libérer les heures supplémentaires (qui seraient exonérées de charges et sans impôt pour les salariés). Sous les applaudissements, le candidat de l’UMP a fustigé les 35 heures avec gourmandise déclarant que «c’est la seule idée au monde pour laquelle on n’a pas besoin de déposer un brevet parce que personne ne nous la prendra». Claude Evin admet que la question des 35 heures «peut être posée» dans les entreprises libérales, et évoque des «correctifs» et des «discussions secteur par secteur».
Sur la démographie des professions libérales et l’aménagement du territoire, chacun s’est inquiété des déséquilibres territoriaux. Claude Evin estime que la santé, service public, mérite d’être traitée «à part». Sans remettre en cause la liberté d’installation, il pose la question du «conventionnement pour certaines spécialités, dans certains territoires». Si on veut éviter des mesures contraignantes, il faudra, ajoute-t-il, «proposer des incitations efficaces, des plates-formes de services, des modes derémunération diversifiés et des statuts plus variés pour les jeunes médecins». François Bayrou veut garantir l’égalité d’accès «au médecin, à l’infirmière, au notaire» mais dans le cadre de la liberté d’installation. Quant à Nicolas Sarkozy, il «encouragera» la démographie dans les zones déficitaires et favorisera l’exercice «en groupe». Une feuille de route déjà tracée par Xavier Bertrand.
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