À L'HEURE où des incertitudes planent sur l'avenir de la médecine libérale, et notamment sur les mesures qui pourraient être prises dans les prochains mois, le Dr Michel Combier, patron de l'UNOF (Union nationale des omnipraticiens de France, la branche généraliste de la CSMF) pousse un cri d'alarme : «Tout ça, c'est Ubu mâtiné de Kafka.»
Au nombre des événements qui font réagir l'UNOF, il y a d'abord le C à 23 euros qui, «comme l'horizon, recule à mesure que l'on s'en approche». Il y a aussi les contrats individuels caisses-médecins, rémunérés à la performance : «Je vois que les caisses expérimentent auprès des syndicalistes ce qu'ils pourraient accepter ou supporter; c'est à la limite du débauchage.» À ce sujet, Michel Combier est contre «l'idée d'un intéressement individuel du médecin à des résultats économiques, car le médecin se trouverait vis-à-vis des caisses dans une relation patron-employé».
Les mesures démographiques envisagées ne conviennent pas non plus au patron de l'UNOF : «On risque de pénaliser des médecins parfois installés depuis des décennies dans des zones qui sont devenues peu à peu surdotées en offre de soins. On va leur imposer des contraintes alors qu'ils sont déjà pénalisés par le fait que leur zone est devenue surdotée. C'est le principe de la double peine.» Michel Combier demande en conséquence «une vraie analyse globale de l'offre de soins et non des cartes venues d'en haut. Cette analyse ne doit pas toucher le seul secteur de la médecine générale».
Agacement.
Même agacement au sujet des maisons de santé pluridisciplinaires dont Roselyne Bachelot a annoncé que son ministère allait en subventionner une centaine à raison de 50 000 euros au maximum chacune : «Il n'y a pas d'organisation pour ce dispositif, et les sommes promises correspondent à la valeur de l'immobilier de la fin des années 1940. On n'est pas au bout de nos peines.» Quant à la FMC, Michel Combier note que «les médecins vont passer à une obligation de résultat. C'est l'alpha et l'oméga de la contrainte, des plaques vont se dévisser chez les médecins qui ont entre 55 et 60ans».
Au chapitre de la PDS, si Michel Combier donne son imprimatur à la mission d'appui mise en place pour venir en aide aux départements qui n'arrivent pas à appliquer la circulaire de Roselyne Bachelot sur la sectorisation, il n'en a pas moins un «mauvais pressentiment, car le volontariat pourrait bien faire les frais des réformes qui arrivent: on est en train de changer de paradigme, et on voudrait nous faire revenir à l'obligation. Si on touche au volontariat, il n'y aura plus de PDS».
Si bien que Michel Combier finit par faire les questions et les réponses : «Y a-t-il un pilote dans cet avion? Oui, il y en a un, il y a aussi un plan de vol, mais on nous le cache.» Mais Michel Combier croit connaître l'itinéraire : «On veut donner au médecin un rôle comptable pour revenir à l'équilibre des comptes d'ici à 2011. La médecine générale va devenir le flic économique de la santé. Vu tout ce qui se prépare, nos problèmes pour obtenir le C à 23euros pourraient presque passer pour anecdotiques.» Et le patron de l'UNOF de conclure : «L'été sera chaud!»
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature