Au départ, ce travail qui concerne 1976 patients admis dans les 48 heures après un infarctus du myocarde dans des services de soins intensifs généraux ou cardiologiques était destiné à vérifier si les patients obèses bénéficiaient ultérieurement d'une prévention secondaire aussi bonne que les autres. Ce qui est le cas.
En analysant de plus près ces résultats, il est alors apparu que les sujets plus gros avaient tendance à avoir un meilleur pronostic à un an. La population suivie a alors été séparée en quartiles en fonction de l'index de masse corporelle (BMI pour Body Mass Index), révélant que ce n'était peut-être pas les sujets plus gros qui avaient un meilleur pronostic, mais plutôt les plus maigres, ceux dont le BMI était ≤ 22 kg/m2, qui avaient un moins bon pronostic.
Moins de survivants à 1 an
A un an, 83 % des sujets ayant un BMI > 22 kg/m2 sont encore en vie, contre 70 % chez les sujets dont le BMI est ≤ 22kg/m2, une différence hautement significative, p < 0,0001. A noter que la survie est sensiblement la même pour l'ensemble des sujets ayant un BMI > 22 kg/m2, ce qui implique que l'obésité ne semble pas un facteur de mauvais pronostic en prévention secondaire, en tout cas dans l'année qui suit l'infarctus.
Le fait intéressant est que cette différence de pronostic apparaît très tôt dans le suivi, les courbes de survie divergent dès 2 à 3 jours après l'infarctus, ce qui laisse penser que le rôle des comorbidités dans les différences observées à un an est vraisemblablement minime et indique plutôt une moins bonne tolérance cardiaque de l'infarctus.
Une analyse multivariée prenant en compte les multiples facteurs confondants confirme ce risque accru chez les plus maigres et le chiffre à 40 %, p = 0,014.
Ces patients à BMI bas sont globalement plus âgés, de 5 ans environ, ce qui explique probablement la plus grande proportion de femmes, environ 50 %. On retrouve également dans cette population une plus forte proportion d'artéritiques, d'insuffisants cardiaques et d'hyperlipidémiques. Il y a par contre moins de diabétiques.
Aucune de ces différences par rapport aux sujets plus maigres ne paraît cependant jouer un rôle quelconque dans la différence de pronostic observée.
Plus troublant est le fait que ces sujets plus maigres ont moins souvent bénéficié des traitements considérés comme favorables au stade aigu de l'infarctus, il y a par exemple une différence de 10 % pour la thrombolyse qui est employée dans 42 % des cas chez les plus gros et dans 33 % des cas chez les maigres. Selon le Pr Nicolas Danchin*, cette différence s'explique essentiellement par la différence d'âge entre les deux groupes, les plus âgés ayant moins tendance à recevoir une thrombolyse, de plus cette différence à elle seule ne suffit pas à expliquer la différence de pronostic.
*D'après la communication du Pr Nicolas Danchin (hôpital européen Georges-Pompidou, Paris).
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