Le Pr Wermuth a rappelé que les molécules qui contiennent un carbone peuvent avoir deux énantiomères, l'un étant dextrogyre, l'autre lévogyre. A l'état naturel, les deux énantiomères sont possibles mais il coexistent rarement, l'être vivant fabriquant préférentiellement l'un plutôt que l'autre. A contrario, les laboratoires de chimie ont synthétisé des racémiques, mélanges qui contiennent les deux énantiomères en quantités égales. La recherche pharmacologique a, depuis longtemps, visé à étudier les vertus respectives des énantiomères qui ne sont pas, le plus souvent, équivalents. Dans certains cas, la forme racémique influence la galénique du médicament, l'un des deux énantiomères pouvant être absorbé, dégradé ou éliminé plus rapidement que l'autre. Plus encore, les deux énantiomères peuvent posséder des propriétés thérapeutiques différentes, voire opposées. Ainsi, un mélange racémique peut être toxique alors que l'un des deux énantiomères présentera les propriétés thérapeutiques souhaitées, l'autre contiendra les effets toxiques. Enfin, l'un des deux énantiomères peut se montrer beaucoup plus actif que l'autre et même expliquer à lui seul l'activité du mélange.
C'est donc logiquement que, depuis une dizaine d'années, diverses recommandations internationales ont insisté sur l'importance de la voie de recherche des énantiomères, celle-ci étant consacrée par le prix Nobel 2001 qui a récompensé des travaux conduisant à la mise au point de catalyseurs « chiraux », capables d'orienter la fixation des groupements chimiques sur le carbone asymétrique afin d'obtenir exclusivement l'énantiomère souhaité. La lévocétirizine est l'aboutissement d'une telle recherche.
Les résultats de Xyzall
En effet, comme l'a rappelé le Pr Jean-Michel Vergez, différents travaux ont montré que l'essentiel de l'activité de la cétirizine était consacré dans son énantiomère lévogyre, la lévocétirizine. Des études pharmacologiques ont montré que l'affinité de cette dernière vis-à-vis des récepteurs H1 humains était deux fois supérieure à celle de la cétirizine, associée à une haute sélectivité. Des études pharmacocliniques ont confirmé que la puissance anti-histaminique de Xyzall était supérieure à celle des principaux anti-H1 commercialisés, avec, de surcroît, une activité anti-inflammatoire démontrée in vivo, chez l'homme et à des doses thérapeutiques. Une telle démonstration, la première du genre, est d'ailleurs validée dans l'AMM du produit qui agit à trois niveaux : inhibition de la libération de VCAM-1, modulation de la perméabilité vasculaire, diminution du recrutement des éosinophiles.
Cette double activité permet d'expliquer l'efficacité anti-allergique de Xyzall dans plusieurs essais cliniques comparatifs, sur l'ensemble des symptômes de la rhinite allergique saisonnière ou perannuelle et notamment sur la congestion nasale, symptôme particulièrement invalidant. En particulier l'étude DAY, portant sur 373 patients, a mis en évidence une efficacité supérieure à celle du dernier anti-H1 commercialisé sur tous les symptômes de la rhinite allergique saisonnière déclenchée par les pollens (larmoiements, nez bouché, éternuements, rhinorrhée, reniflements et prurit nasal). En outre, les patients sont soulagés dès la première heure contre trois heures pour le comparateur. L'étude POTTER a, quant à elle, démontré l'efficacité versus placebo de la lévocétirizine sur tous les symptômes de la rhinite allergique perannuelle, en particulier la congestion nasale. Xyzall, qui est indiqué dans les rhinites allergiques saisonnières et perannuelles, mais aussi dans l'urticaire chronique idiopathique, se caractérise enfin par une grande maniabilité : en particulier une étude a montré que les patients sous Xyzall ne présentent aucune altération de la capacité à conduire un véhicule automobile. Par ailleurs, à une époque où l'on souligne à juste titre la trop grande rareté des formes pédiatriques, il faut souligner que Xyzall est indiqué dès l'âge de 6 ans. Le coût du traitement journalier est de 0,4 euro, c'est-à-dire en moyenne 10 % inférieur à celui de Zyrtec.
(1) Réunion organisée par les Laboratoires UCB avec les Prs Alain Didier (Toulouse) et Camille Wermuth (Strasbourg) et les Drs Isabella Annesi Maesano (INSERM 472, Villejuif) et Jean-Michel Vergez, directeur de l'information médicale (UCB Pharma).
Le remboursement des anti-H1
Comme l'ensemble de sa classe, Xyzall est remboursé par la Sécurité sociale à hauteur de 35 %. A ce sujet, le Pr Alain Didier a déclaré que la décision de baisser le remboursement des antiallergiques témoignait d'un certain illogisme. En effet, même si les symptômes traités par ces médicaments ne sont pas vitaux, ils sont très souvent gênants, altérant la qualité de vie. Par ailleurs, les liens entre allergie et asthme sont connus et en particulier on sait qu'en traitant bien l'allergie on peut modifier favorablement le cours d'un asthme.
Compte tenu de ce qui vient d'être dit, il n'est pas surprenant de constater que, du moins pour l'instant, la baisse du remboursement n'ait pas eu d'impact sur la vente des antiallergiques : il suffira d'avoir eu une rhinite allergique pour comprendre qu'alors on se préoccupe peu du taux de remboursement.
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