INVITÉ D’UNE conférence-débat lors de la 11e édition de la conférence annuelle du journal « les Echos », organisée en collaboration avec « le Quotidien », sur le thème de la politique du médicament et de l’innovation, le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, s’est appliqué à renouer les fils d’un dialogue quelque peu distendu après la dernière loi de financement de la Sécurité sociale qui a imposé de nouvelles contraintes financières à l’industrie pharmaceutique. «Il y a eu des moments de tension», a-t-il reconnu en préambule, avant d’ajouter que en France, contrairement à beaucoup d’autres pays, les relations entre l’Etat et l’industrie s’organisent à l’intérieur d’un accord-cadre qui permet «un dialogue avec du contenu: il y a des contraintes, mais aussi une vision commune».
Certes, reconnaît le ministre, «nous avons conscience de l’impact de la réforme de l’assurance-maladie sur le médicament», mais pour Xavier Bertrand cette politique a porté ses fruits : sans elle, le déficit des comptes de l’assurance-maladie aurait été de 16 milliards d’euros en 2006, alors que selon lui il se limitera à 8 milliards d’euros. «Il y a décélération des dépenses de santé, conclut le ministre. L’assurance-maladie va mieux, mais elle n’est pas encore guérie. Parvenir à un déficit de 6milliards d’euros à la fin 2007, c’est mon objectif.»
Credo.
Si bien que le ministre de la Santé fait part de sa conviction en la matière : «Il faut concilier l’évolution des dépenses de santé avec la richesse nationale. C’est ainsi que nous pourrons garder notre système de santé.» Raison pour laquelle, à côté de l’accès au marché facilité pour les médicaments innovants, le ministre entend poursuivre la politique de développement des génériques, l’analyse régulière des SMR (service médical rendu) des médicaments plus anciens, ainsi que l’accès à l’automédication.
Pour les génériques, le ministre se réjouit de la progression de leur pénétration (dans le répertoire, 6 boîtes vendues sur 10 sont des génériques), et note que «89% des Français y sont favorables». Ces bons résultats l’incitent d’ailleurs à ajouter qu’il n’est pas enclin à généraliser les TFR (tarifs forfaitaires de responsabilité). Au chapitre des déremboursements de médicaments à SMR insuffisant (la commission de la Transparence doit rendre courant juin son avis sur 141 médicaments, essentiellement des vasodilatateurs et des antidiarréhiques), si le ministre ne met pas en cause leur principe, il reconnaît que le terme «insuffisant» peut être pénalisant pour un médicament appelé à continuer sa vie hors des sentiers du remboursement. Il a donc annoncé la signature d’un prochain décret qui devrait modifier cette terminologie. Enfin, s’agissant de l’automédication, Xavier Bertrand a fait part de son intention d’en favoriser le développement : «Il ne s’agit pas d’un choix économique, mais d’une conception diversifiée et équilibrée de la santé. Toute thérapeutique ne passe pas forcément par la prescription. La réflexion sur ce sujet va s’engager dès le mois prochain.»
Conscient du haut degré d’implication de l’industrie pharmaceutique dans les plans d’économies successifs du gouvernement, le ministre s’est voulu rassurant. Bien qu’il ne soit pas encore en mesure de détailler le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (Plfss), il a reconnu que «le discours sur la confiance ne tiendra pas si le gouvernement a deux ans de suite la même attitude».
Quant à l’attractivité de la France, en dépit des assurances de Pierre Le Sourd, président du Leem (syndicat patronal de l’industrie pharmaceutique), pour qui «l’industrie a mal vécu certaines décisions outrancières comme les majorations de taxes», Xavier Bertrand reste persuadé qu’elle demeure réelle. Car la France, assure-t-il, «a des atouts majeurs pour accueillir l’industrie pharmaceutique, comme une main-d’oeuvre qualifiée à un coût compétitif, des coûts d’implantation très faibles et des charges comme l’énergie, les transports ou le foncier parmi les moins élevées d’Europe».
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