LES FRANçAIS, visiblement, le connaissent mal – interrogés dimanche par BVA, ils ont été... 2 % à le choisir comme Premier ministre ; il en va tout autrement des médecins. Xavier Bertrand, tout frais ex-porte-parole de campagne de Nicolas Sarkozy, promis sans aucun doute à un brillant avenir dans le futur gouvernement – d'aucuns parlent pour lui d'un grand ministère « des Comptes », assurance-maladie comprise –, connaît comme sa poche le monde de la santé et ses représentants. Avec leur ancien ministre de tutelle, les médecins disposent désormais d'une fine oreille et d'un relais d'opinion puissant dans la garde rapprochée du prochain hôte de l'Elysée.
Car Xavier Bertrand, jeune secrétaire d'Etat presque inconnu et peu averti des dossiers à son arrivée aux Affaires sanitaires, en avril 2004, apparaît trois années plus tard comme un ancien ministre de la Santé aux reins solides et au bagage incontestable. Il fait aussi figure d'homme d'action (il a mis en oeuvre les parcours de soins en ville et la nouvelle gouvernance à l'hôpital, fait reculer le déficit de l'assurance-maladie, veillé de près aux derniers accords tarifaires conclus par les médecins, interdit de fumer dans les lieux publics).
En un temps record, Xavier Bertrand a creusé son trou dans un secteur qui n'ouvre pas facilement ses portes au premier venu ni d'ailleurs aux plus grands experts, voire aux figures du sérail – rappelons-nous la chute de Jean-François Mattei. Mais Xavier Bertrand a travaillé ses dossiers, rencontré énormément de professionnels – il s'est rendu sur le terrain, dans les cabinets médicaux, les officines, les caisses primaires d'assurance-maladie, les services hospitaliers... –, tissé ses réseaux. Même ceux qui ne sont pas d'accord avec ses choix lui reconnaissent cette qualité : il connaît son affaire. En trois ans, il a également choisi ses amis que sa nature ronde et courtoise porte à tutoyer volontiers, à qui il a communiqué sans hésiter son numéro de portable. Pour certains responsables du syndicalisme médical, il est ainsi devenu un « proche », facilement accessible. Un atout précieux quand il va s'agir de rappeler au bon souvenir du futur gouvernement l'échéance, par exemple, du C à 23 euros ou bien la mise en oeuvre effective, pour ceux qui en sont partisans, de la part complémentaire variable du salaire des praticiens hospitaliers.
Ralliement.
Quel est le poids de Xavier Bertrand dans l'équipe du nouveau président ? L'ancien ministre de la Santé, rallié à son homologue de l'Intérieur quand celui-ci s'est déclaré candidat à l'investiture UMP dans la course à la présidentielle – c'était en novembre dernier –, n'est certes pas un sarkozyste de la première heure. Au départ, il est même plutôt poulain de... Alain Juppé. En 2004, le maire de Bordeaux aurait soufflé son nom de « ministrable » à Jacques Chirac après avoir remarqué le zèle parlementaire du député de l'Aisne sur le dossier des retraites. Malgré cela, et alors que la concurrence était rude, Nicolas Sarkozy a fait de Xavier Bertrand son porte-parole. Leurs démissions conjointes de leur poste de ministre de l'Intérieur et de la Santé leur ont même forgé une image d'alter ego. Nul doute que la grande capacité de travail et la force de conviction de Xavier Bertrand ont impressionné le futur président. Nul doute, dans ces conditions, que Nicolas Sarkozy écoutera – voire sollicitera – les conseils de l'ancien ministre de la Santé pour mener sa barque sur des sujets tels que le financement de l'assurance-maladie ou la politique hospitalière.
En attendant, grand adepte du «service après-vote» (ainsi a-t-il inlassablement défendu son action depuis la promulgation de la loi réformant l'assurance-maladie d'août 2004), apôtre du « parler vrai », Xavier Bertrand n'a pas changé de méthode depuis le 6 mai. Lundi dernier, sur Europe 1, il assurait que «tous les engagements» du candidat Sarkozy seraient «tenus» et que les premières mesures législatives seraient prises «dès l'été». «Nous sommes très déterminés, ajoutait-il, parce que le mandat des Français est clair pour un changement sans tarder.» Et de citer, au rang des chantiers à lancer, «le service minimum dans les transports, la réforme des régimes spéciaux» de retraite. Pas question, ce faisant, de prendre qui que ce soit au dépourvu : «On a joué cartes sur table», a prévenu l'ancien ministre de la Santé. Discours rapide, concret, promesse d'action rapide : voici les médecins en terrain connu.
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