LE MINISTRE de la Santé et des Solidarités a fait un pari risqué, la semaine passée, en intervenant dans la campagne présidentielle en faveur de Nicolas Sarkozy.
Élu député pour la première fois en 2002, nommé secrétaire d’Etat à l’Assurance-maladie en 2004, puis promu ministre un an plus tard, à l’âge de 40 ans, Xavier Bertrand avait déjà la réputation de ne pas perdre de temps. Or il a pu apparaître comme un homme un peu trop pressé, une fois que Nicolas Sarkozy s’est officiellement déclaré candidat à l’Elysée. Deux jours plus tard, dans un entretien avec « le Figaro », le ministre de la Santé a tenu à s’ «engager à ses côtés», au motif que le président de l’UMP a «une vraie volonté de faire bouger les choses, et l’énergie pour le faire». Dévoilant son ambition en vue des prochaines échéances électorales, Xavier Bertrand a confirmé son ralliement au ministre de l’Intérieur sur Canal+ et France Inter dans les jours suivants. «C’est le moment où il faut créer une dynamique et un rassemblement avec Nicolas Sarkozy», a-t-il expliqué, en ajoutant qu’il s’engageait aussi «avec (ses) convictions», compte tenu de son «domaine de compétence ministérielle». Xavier Bertrand souhaite en effet que «la santé, les retraites, la dépendance» soient des questions «davantage présentes» dans la campagne présidentielle car ces sujets «intéressent les Français».
Mais ce ministre qui se présente comme le défenseur des questions sociales a surtout été vite catalogué comme un porte-parole de campagne potentiel pour Nicolas Sarkozy, d’autant que ce dernier lui a demandé de l’accompagner vendredi lors d’un déplacement en Picardie – sa terre d’élection. Xavier Bertrand a toutefois démenti la rumeur qui a couru ces derniers jours sur son rôle de porte-parole pressenti.
Il reste que, en sortant du bois, le jeune ministre s’est exposé aux reproches des uns et au regard suspicieux des autres.
Chirac pas content.
Le récent positionnement de Xavier Bertrand a, il est vrai, de quoi surprendre. Repéré en 2002 par Alain Juppé au moment du débat sur la réforme des retraites, il vient de quitter le camp des chiraquiens pour rejoindre celui des sarkozystes alors même que l’UMP est en plein débat avant la désignation de son candidat le 14 janvier prochain. Jacques Chirac, qui appelait encore familièrement le ministre de la Santé «docteur» le 1er décembre, lors de la journée contre le sida, aurait, depuis, tancé vertement l’impétrant en public.
Selon France Inter, le chef de l’Etat aurait visé Xavier Bertrand lorsqu’il a rappelé au dernier conseil des ministres que «tout le monde doit travailler jusqu’au bout et (que) le temps de la campagne n’est pas encore venu».
Par ailleurs, dans l’entourage du ministre de l’Intérieur, on considère que l’éventuelle intégration de Xavier Bertrand dans sa garde rapprochée serait une erreur de casting. Outre son ralliement tardif, qui ne plaide pas en sa faveur, certaines initiatives de Xavier Bertrand ont été jugées plutôt déplacées avant une élection importante. Si le ministre a pris le soin de ménager les médecins libéraux dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (Plfss) pour 2007, il ne s’est pas fait que des amis en titillant récemment le lobby viticole et en imposant son décret antitabac au nom de la santé publique. Nicolas Sarkozy, son nouveau champion, ne s’était-il pas lui même opposé, fin octobre, à une application trop rigide de l’interdiction du tabac dans les lieux publics ?
Par ailleurs, l’association Bertrand-Sarkozy peut sembler incongrue quand on se souvient qu’en juin 2004 une fameuse «note confidentielle de Bercy» (où officiait alors le président de l’UMP) a fortement discrédité la réforme de l’assurance-maladie, que le successeur de Philippe Douste-Blazy à la Santé a défendue depuis sans relâche.
Qu’elle soit fructueuse ou non à l’avenir, l’adhésion du ministre de la Santé à la candidature de Nicolas Sarkozy aura eu au moins le mérite d’accroître la notoriété du premier. Xavier Bertrand s’est suffisamment distingué pour ne plus jamais être confondu avec son homonyme du ministère du Tourisme.
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