Les recommandations de la HAS se scindaient en quatre parties distinctes : 5 médicaments conser- vaient un SMR suffisant pour toutes leurs 50 autres conservaient un SMR suffisant pour certaines de leurs indications, et deux autres catégories de médicaments dont la HAS proposait le déremboursement pur et simple, 48 vasodilatateurs et 41 autres «sans classe homogène».
Mais voilà : si le ministre a rendu hommage à «la qualité de l’avis scientifique rendu par la HAS», il doit, pour sa part, avoir une «approche sociale» de la question. Xavier Bertrand a énuméré les questions qu’il s’est posées avant de prendre sa décision : «Y a-t-il une alternative thérapeutique à ces médicaments classés SMR insuffisant? Leurs prix ne vont-ils pas exploser à la sortie du remboursement?»
Sans grande surprise, et ainsi que « le Quotidien » le laissait entendre la semaine dernière, Xavier Bertrand a tranché dans le sens du patient. Pour les 55 médicaments qui gardent un SMR suffisant pour tout ou partie de leurs indications, le taux de remboursement actuel est maintenu. Pour les 48 vasodilatateurs, a indiqué Xavier Bertrand, «étant donné qu’ils ne disposent pas d’alternative thérapeutique, je conserve leur prise en charge à 35%, tout en leur appliquant une baisse de prix allant jusqu’à 20%». Quant aux 41 autres médicaments, «ils disposent d’équivalents thérapeutiques. Malgré cela, j’ai décidé de conserver leur prise en charge, mais seulement à 15%, et ce pendant un an, avec une baisse de prix allant jusqu’à 15%». Au Ceps (Comité économique des produits de santé), Noël Renaudin précise au « Quotidien » que «le ministre a pris la précaution de parler de baisse de prix jusqu’à 15 ou 20%, parce que, si les industriels disposent d’arguments convaincants justifiant un report ou une révision de la baisse de prix envisagée, nous les écouterons».
Pour toutes ces baisses de prix et de taux de remboursement, le ministre de la Santé a demandé au Ceps de les rendre applicables «dès la fin du mois de janvier». Et il a chiffré les économies qu’il en attendait : «Sur les vasodilatateurs, l’économie possible se situe entre 50 et 70 millions d’euros. Pour les autres médicaments, elle se situe entre 20 et 30 millions.» Soit une économie totale se situant dans une fourchette allant de 70 à 100 millions d’euros.
« Qu’on ne parle plus de médicaments inefficaces et inutiles. »
Mais Xavier Bertrand a ajouté qu’il «était toujours très prudent sur les économies annoncées». Dans le collimateur du ministre, il y a bien sûr les reports de prescription. C’est la raison pour laquelle il a demandé à l’assurance-maladie de procéder à une étude sur ce problème.
Enfin, Xavier Bertrand est revenu sur le terme «service médical rendu insuffisant», que tout le monde juge inadapté, et peu propice à un glissement de ces produits vers l’automédication. Il a promis sur ce point la publication prochaine d’un texte modifiant la terminologie en vigueur.
«Je souhaite, a dit le ministre, qu’on ne parle plus de médicaments inefficaces et inutiles (...). Je préfère que l’on insiste sur le caractère prioritaire des médicaments remboursés. C’est pourquoi je compte modifier le décret sur la transparence.»
La décision de Xavier Bertrand a provoqué des réactions. Côté médecins, on se félicite plutôt, et Michel Chassang, patron de la Csmf (Confédération des syndicats médicaux français), juge «sage» la décision ministérielle. «Attention toutefois, précise-t-il, à la notion de Smri», qui peut être dévalorisante pour certains médicaments malgré tout très prescrits. Sage, également, la décision de ne pas dérembourser les vasodilatateurs, qui sont des «médicaments de première ligne pour les généralistes. Cela aurait été difficile à expliquer aux patients». A MG-France, Vincent Rébeillé-Borgella, secrétaire général du syndicat, parle de «remboursement électoral: soit il y a un avis scientifique de la HAS, et on en tient compte, soit il y a un problème de cohérence des décisions ministérielles».
Au Leem (Les entreprises du médicament), on regrette encore plus les baisses de prix que les baisses de taux de remboursement : «Cette façon de procéder, note Christian Lajoux, prive de tout intérêt une évolution de certains médicaments vers la médication familiale que les entreprises concernées et les officinaux ne pourraient plus assumer économiquement.» Plus généralement, le patron du Leem estime que «la politique du médicament ne peut se réduire à une recherche systématique de baisse des prix».
Côté Mutualité française, Jean-Pierre Davant regrette que le ministre de la Santé n’ait pas suivi l’avis de la Haute Autorité de santé. «Cette décision est d’autant plus inappropriée, ajoute-t-il, que la HAS proposait des solutions alternatives au non-remboursement de ces médicaments.»
Les 41 médicaments remboursés à 15 %
Voici par ordre alphabétique les 41 spécialités dont le taux de remboursement doit passer de 35 à 15 % fin Janvier. Entre parenthèses, le nom du laboratoire.
Pneumologie: Asthmasedine (Genopharm) ; proctologie : Cirkan (Pierre Fabre) ; cardiologie: Cleridium (Dexo) ; cardiologie : Coronarine (Negma Lerads) ; psychiatrie: Covatine (Bailly-Creat);gastro: Ercéfuryl (sanofi-aventis) ; gastro : Genatropine (Eisai) ; gastro : Génésérine (Eisai) ; ORL : Gomenoléo (Gomenol) ; ORL : Gomenoléo 5 % (Gomenol) ; ORL : Gomenoléo 2 % (Gomenol) ; ORL : Huile gomenolée (Gomenol); ORL : Huile gomenolée 5 % (Gomenol) ; gastro : Lumifurex (Winthrop) ; gastro : Nifuroxazide (Arrow Génériques) ; gastro : Nifuroxazide (Biogaran) ; gastro : Nifuroxazide (EG) ; gastro : Nifuroxazide (Ivax) ; gastro : Nifuroxazide (Merck) ; gastro : Nifuroxazide (Qualimed); gastro : Nifuroxazide (Ratiopharm) ; gastro : Nifuroxazide 4 % (Ratiopharm) ; gastro : Nifuroxazide (RPG); gastro : Nifuroxazide (Sandoz) ; gastro : Nifuroxazide (Teva) ; gastro : Nifuroxazide (Winthrop) ; gastro : Nifuroxazide (Zydus) ; gastro : Panfurex (Bouchara-Recordati) ; cardiologie : Persantine (Boehringer Ingelheim) ; pneumologie : Pneumorel (Servier) ; pneumologie : Pneumorel 0,2 % (Servier) ; cardiologie : Praxinor (Merck) ; cardiologie : Protangix (Expanpharm) ; ORL : Rinurel (Pfizer) ; ORL : Rinutan (Pfizer) ; gastro : Salicairine (Merck) ; urologie : Succinimide (Serp) ; pneumologie : Surbronc (Aventis) ; ORL : Thiovalone (Pfizer) ;gastro : Trimadiaz (Bouchara-Recordati) ; gastro : Trimadiaz-nourrisson (Bouchara-Recordati) ;
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