L’ISOLEMENT, voilà l’ennemi ! Les conclusions de l’InVS (Institut de veille sanitaire) sur la canicule qui fit plus de 15 000 victimes en 2003 sont sans appel, note Xavier Bertrand : «Le rôle de l’isolement est confirmé une fois de plus par les variations de la surmortalité suivant le lieu de décès et le statut matrimonial. La surmortalité a été plus importante à domicile qu’en institution et a touché les célibataires, les veufs et les divorcés plus que les sujets mariés.» Or, souligne le ministre de la Santé, «l’immense majorité des personnes âgées vivent à domicile et sont souvent seules: 670000 vivent en établissement, pour un total de 9,3millions de plus de 65ans».
La mobilisation «contre l’isolement sera donc la principale priorité pour 2006». Elle passe tout d’abord par la prise de conscience du public. Jusqu’au 4 juillet, l’Inpes (Institut national de prévention et d’éducation à la santé) diffuse sur les radios une campagne de quatre spots de 30 secondes. «N’attendons pas pour être solidaires», martèle la signature de ces messages qui voudraient, d’une part, convaincre les uns de prendre des nouvelles des autres et, d’autre part, inviter les personnes recluses à vaincre leur timidité pour solliciter l’aide des voisins, des parents ou des amis.
Médecins, pharmaciens, mais aussi Drass, Ddass, Cpam vont être mis à contribution en distribuant quatre millions de dépliants à vocation pédagogique, « Canicule : santé en danger, préservez votre santé et aidez les personnes fragiles qui vous entourent ».
La même simplicité, dépourvue de toute dramatisation, caractérise les messages télévisés, qui ne seront diffusés, quant à eux, que si un phénomène caniculaire est prévu.
Un registre des personnes vulnérables.
Sont également appelées en renfort ces championnes de la démocratie directe que sont les collectivités locales : la quasi-totalité des villes de plus de 10 000 habitants disposent désormais d’un registre des personnes vulnérables, se félicite Xavier Bertrand ; les pouvoirs publics vont ainsi être à même de concentrer leurs efforts de vigilance sur les personnes à risque. Mais le maillage doit être resserré ; sur les 36 000 communes françaises, seulement 48 % se sont dotées d’un tel registre. Les retardataires vont être convoqués avant la fin du mois par les sous-préfets, dans chaque arrondissement, sur instruction de Nicolas Sarkozy.
Le plan ne s’appuie pas que sur la prise de conscience générale du risque, il met des moyens diversifiés en oeuvre. Xavier Bertrand a annoncé que «17millions de crédits supplémentaires vont être mis à la disposition des services de soins infirmiers à domicile (Ssias) , des maisons de retraite et des unités de soins de longue durée pour leur permettre de recruter du personnel de soins saisonnier ou de rémunérer des heures supplémentaires». En outre, un décret prévoit le déplafonnement des heures supplémentaires dans les établissements de santé pendant l’été.
Au chapitre des urgences, le ministre a fait les comptes du plan mis en oeuvre depuis 2004, après la grande canicule. Ce sont 2 322 postes qui ont été créés pour les services d’urgences, Samu et Smur, dont 451 postes de médecin, auxquels s’ajoutent 135 postes transformés – 26 % des postes créés ont permis de renforcer des équipes médicales, 42 % des postes infirmiers et 32 % des postes non médicaux (ambulanciers, aides-soignants, secrétaires médicales...).
L’attention est aussi portée sur la disponibilité des lits hospitaliers. Les ARH (agences régionales de l’hospitalisation), auxquelles incombe la coordination des établissements en la matière, sont invitées à maintenir au maximum les capacités d’hospitalisation en court séjour gériatrique, en soins de suite et de réadaptation, et à renforcer les partenariats habituels avec les établissements médico- sociaux.
Au niveau national, annonce Xavier Bertrand, le taux moyen hebdomadaire de lits ouverts en court séjour pendant la période estivale devra atteindre 92 %. Concernant l’AP-HP, 2 % de lits supplémentaires, par rapport à 2005, vont être ouverts en juillet et en août, quitte à rouvrir 419 lits (soit 2,4 % de la capacité totale) en cas de nécessité, dans le cadre du serveur régional (Cerveau) qui assure la veille et l’alerte de 91 établissements.
Bien sûr, l’attention portée aux conditions de séjour dans les maisons de retraite ne se relâche pas. Le ministre a dans le collimateur 336 d’entre elles (sur 5 500), qui ne se sont toujours pas dotées d’une pièce rafraîchie.
Activer une PDS améliorée.
Enfin, pour garantir la permanence des soins, le cahier des charges départementales qui fixe les modalités de prise en charge des demandes prévoit la gestion de pics liés à des épidémies ou à des phénomènes climatiques exceptionnels. Les préfets, qui président les Codamups (comité départemental de l’aide médicale urgente, de la permanence des soins et des transports sanitaires), avec les représentants des communes, des urgentistes et des libéraux, sont à même, précise Xavier Bertrand, d’ «activer une PDS améliorée».
La veille saisonnière canicule, phase 1 du plan, va s’étendre jusqu’au 31 août prochain. Chaque jour, à 14 heures, en fonction des informations sur la morbidité collationnées en particulier par les hôpitaux, croisées avec les prévisions de Météo France, selon les indicateurs construits par l’InVS, département par département, selon que les seuils d’alerte correspondants sont franchis, sera activé la « mise en garde et d’action », qui correspond aux niveaux 2 et 3 du plan 2005, et la « mobilisation maximale », pour une canicule à fort impact sanitaire, qui s’étend sur une grande partie du territoire et se complique d’effets collatéraux (sécheresse, pollution, légionelloses).
Plan en ligne sur www.sante.gouv.fr.
Pas de scénario canicule à l’horizon
«La canicule, c’est trois jours consécutifs de chaleur le jour et surtout la nuit, avec des températures supérieures à des seuils établis par département, rappelle Xavier Bertrand. Le corps, dans ces conditions, ne se repose plus et supporte de moins en moins bien la chaleur.» Des seuils de moyennes thermiques en maximales et en minimales sur trois jours ont donc été fixés par l’InVS, qui sont évidemment adaptées aux régions dans lesquelles elles sont observées. Par exemple, dans le Gard, les maximales sont fixées à 36 degrés, alors que dans le Calvados elles sont à 31 degrés.
Selon Alain Ratier, directeur général adjoint de Météo France, si une prévision digne de ce nom ne saurait être faite à plus de trois jours, «l’examen des modèles statistiques ne signale aucun scénario canicule» à l’horizon de l’été qui vient de commencer. Mais, prudent, le météorologue s’empresse de souligner que «cela ne saurait nous permettre d’affirmer que nous sommes à l’abri de tout risque».
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