« IL Y A UNE SORTE de bataille de l'opinion qui peut se gagner ou se perdre rapidement. » L'avertissement de Xavier Bertrand s'adressait à une centaine de « fourmis », du Syndicat des médecins libéraux (SML), selon l'expression même de leur leader, lors d'un séminaire à Orly pour une explication détaillée du texte conventionnel.
Venu « échanger » avec ces médecins, le secrétaire d'Etat à l'Assurance-Maladie leur a surtout demandé d'être « davantage présents pour expliquer la réforme auprès des patients, des confrères et dans les médias, (afin) de ne pas laisser le terrain à celles et à ceux qui pourraient avoir des idées derrière la tête ».
Ce message de mobilisation a d'ailleurs été relayé par Frédéric van Roekeghem, négociateur de la convention au nom de la Sécu, et présent également au séminaire du SML. Le directeur général de l'Union nationale des caisses d'assurance-maladie (Uncam) a souligné en effet que les pouvoirs publics entendaient « promouvoir le syndicalisme d'engagement », puisque « les choses ne peuvent pas bouger si le terrain ne s'engage pas ».
Xavier Bertrand et Frédéric van Roekeghem, l'un après l'autre, ont fait plusieurs mises au point. A propos du dispositif du médecin traitant, tout d'abord, le secrétaire d'Etat à l'Assurance-Maladie a assuré qu'il « ne sera certainement pas une filière administrative » et qu'il n'y aurait « en aucun cas un alourdissement des charges » dès lors que remplir le formulaire « doit prendre royalement une minute ou deux au maximum ». Chez les médecins spécialistes, « il ne pourra y avoir de filière financière », a prévenu de même Xavier Bertrand. Le gouvernement « sera vigilant » sur l'accès aux soins, a-t-il expliqué, car « les délais de rendez-vous doivent être exactement les mêmes » en parcours de soins coordonnés comme en accès direct (avec dépassement tarifaire autorisé).
Rééquilibrage.
Le directeur général de l'Uncam a annoncé pour sa part que les patients avaient déjà retourné « plus de 110 000 » formulaires pour choisir leur médecin traitant. Interrogé par un médecin référent du Morbihan qui aurait souhaité « 15 ou 20 euros » pour tenir le dossier médical de chaque patient, Frédéric van Roekeghem a répondu que la Sécu « n'a pas pu aller plus loin aujourd'hui » et que l'extension de l'option médecin référent aurait nécessité « une augmentation de la CSG d'un quart de point ».
« Si (la convention) est complexe, c'est que l'on a voulu remettre d'aplomb des choses qui n'allaient pas », a plaidé le patron de l'Uncam. Ce souci de rééquilibrage du système conduira ultérieurement les partenaires conventionnels à « un recalibrage du régime ASV [allocation supplémentaire de vieillesse des médecins conventionnés, cofinancée par l'assurance-maladie, ndlr] et peut-être à une augmentation des cotisations », a déclaré Frédéric van Roekeghem en réponse à une question posée par Denys Chayette, administrateur de la Caisse autonome de retraite des médecins de France (Carmf).
Après la signature de la convention, c'est toutefois la permanence des soins (PDS) qui sera prioritaire, avec une enveloppe financière de 60 millions d'euros pour 2005. « Nous allons voir si les moyens conviennent bien à la réalité des besoins », a indiqué le secrétaire d'Etat à l'Assurance-Maladie, qui est « en train de faire remonter des informations des préfets » sur le sujet. Xavier Bertrand a été salué par des applaudissements lorsqu'il a promis aux membres du SML de veiller à ce que les médecins « ne passent pas trop de temps dans les réunions avec les différents acteurs » en vue de la pérennisation des maisons médicales de garde. Liée à la PDS, « la question de la démographie médicale, de l'offre de soins et de sa répartition sur le territoire » sera, assure le secrétaire d'Etat, « le grand dossier de cette année ». Il a annoncé la préparation, « dès le premier trimestre 2005 », d'un « ensemble de mesures négociées, concertées, avec l'ensemble des acteurs pour garantir l'accès aux soins ». Dans ce domaine, selon Xavier Bertrand, « la valorisation des actes dans les zones sous-médicalisées », comme au Québec, « fait partie des pistes ».
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