INQUIETS il y a encore peu de temps pour leur avenir, les hôpitaux locaux peuvent être rassurés.
Le ministre de la Santé vient de rendre des arbitrages qui vont dans le sens d’un renforcement de ces structures de proximité – la France en comptait 357 en 2004, regroupant 66 000 lits.
En 2005 déjà, Philippe Douste-Blazy avait éclairci leur horizon, en s’opposant à leur fermeture, et en débloquant un plan budgétaire pluriannuel. Xavier Bertrand s’inscrit dans la même optique : «L’hôpital local n’est plus le parent pauvre de notre système de soins; il a au contraire vocation à jouer pleinement le rôle de plate-forme sanitaire et sociale de proximité», a-t-il déclaré vendredi dernier au Forum national de l’hôpital local (voir « le Quotidien » du 30 novembre).
Problème : les généralistes, de plus en plus, se désengagent des hôpitaux locaux. Ils jugent l’exercice trop contraignant et mal reconnu. Les échanges lors du Forum national n’ont fait que confirmer ce constat. Ainsi, à l’hôpital local de Neuville, dans le Rhône, catastrophe en 2002 : «Il n’y avait plus un seul généraliste, car les gardes n’étaient pas organisées sur le territoire», témoigne un praticien. Situation identique à la Roche-Bernard, dans le Morbihan : «Les généralistes ont voulu se retirer de l’hôpital local il y a trois ans», raconte l’actuel président de la CME, le Dr Bruno Nagard. Dans le sud de la Mayenne, classé zone déficitaire, les médecins sont si peu nombreux que l’accès aux soins devient problématique. Difficile, dans ces conditions de pénurie, de maintenir ouvertes les portes de l’hôpital du coin.
Pourtant, les services rendus à la population ne sont plus à démontrer. «La présence d’un hôpital local concourt à l’attractivité globale d’un territoire, estime Jean-Marie Tétart, conseiller général des Yvelines. Je vois des promoteurs immobiliers qui vendent à leurs acheteurs potentiels l’existence d’une offre de soins de proximité, et des industriels séduits par la garantie de voir leur taux d’absentéisme limité.»
Les acteurs locaux – médecins, directeurs hospitaliers, mais aussi élus et financeurs – se mobilisent pour trouver des solutions innovantes. Ici, l’hôpital local tourne grâce au regroupement de médecins et de paramédicaux. Là, un exercice médical mixte a vu le jour.
Conscients du rôle joué par les hôpitaux locaux dans la lutte contre la désertification médicale en zones rurales, les pouvoirs publics ont entamé une réflexion il y a un an pour bâtir un plan d’action. Le groupe de travail a rendu ses conclusions à Xavier Bertrand, qui a présenté ses arbitrages lors du forum de l’hôpital local.
Le financement des hôpitaux locaux va donc être renforcé : 39 millions d’euros supplémentaires leur seront alloués en 2007, dans le cadre du plan Urgences. Des mesures incitatives ciblent les médecins généralistes libéraux. A celles déjà décidées – aides à l’installation en zone rurale, exonération fiscale du revenu des gardes et astreintes –, s’ajoute l’attribution de bourses aux étudiants s’engageant à exercer en zone déficitaire – une disposition inscrite dans le Plfss 2007. «L’hôpital local est d’abord celui du praticien généraliste, et il doit le demeurer», a déclaré Xavier Bertrand.
Favoriser l’exercice mixte libéral-salarié.
Le ministre de la Santé a par ailleurs décidé de favoriser un exercice médical mixte – libéral et salarié – sur la base du volontariat, afin de «renforcer la continuité médicale». Ainsi, le Plfss 2007 permet aux conseils d’administration des hôpitaux locaux de recourir à des médecins sous statut hospitalier lorsque le nombre de libéraux autorisés est insuffisant. La permanence médicale à l’hôpital local va être mieux rémunérée, de même que les soins de suite, dorénavant payés «3C au maximum par patient».
Avec cet arsenal de mesures, Xavier Bertrand lance un signal fort en direction des hôpitaux locaux et des médecins généralistes. «L’avenir est au développement des complémentarités et à l’inscription des hôpitaux locaux dans les réseaux de soins», a conclu le ministre, qui veut que les hôpitaux locaux deviennent «des points d’appui essentiels pour la continuité médicale du territoire, à la fois lieux de soins et de supports pour des consultations avancées, pour les Maisons médicales de garde, et pour les services de soins infirmiers à domicile».
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