SPECIALISTE DU MEDICAMENT générique, des produits biopharmaceutiques et des compléments alimentaires, le groupe pharmaceutique indien Wockhardt a annoncé le rachat des Laboratoires Negma, pour un montant de 195 millions d'euros. Soucieux de renforcer sa présence au sein du marché européen du médicament générique, Wockhardt réalise, avec Negma, sa cinquième et plus coûteuse acquisition sur le vieux continent. Auparavant, les Britanniques Wallis et CP Pharmaceuticals (rachetés respectivement en 1998 et 2003), les Allemands d'Esparma (2004) et les Irlandais de Pinewood (2006) avaient déjà rejoint le groupe indien. Entreprise familiale de 35 ans, Negma demeure le quatrième laboratoire indépendant français, avec un chiffre d'affaires de 150 millions d'euros. Soixante-dix pour cent de ses ventes sont réalisées grâce à son médicament vedette, l'Art 50, utilisé dans le traitement des manifestations de l'arthrose.
Un portefeuille de 172 brevets.
Laboratoire de recherche, Negma possède un portefeuille produits de 172 brevets dans les domaines de l'ostéoarthrose, de la rhumatologie, de la phlébotomie et de l'hypertension artérielle. «Cette acquisition va permettre à Wockhardt de développer la commercialisation de ce portefeuille dans les pays européens où le groupe est déjà fortement implanté. Elle va également nous aider à pénétrer le marché français du générique, évalué à 2 milliards de dollars», souligne Habil Khorakiwala, président du groupe Wockhardt, qui espère aussi « renforcer sa présence en Europe».
Du côté français, Fabrice Harari, président des Laboratoires Negma, se déclare satisfait du rapprochement entre les deux laboratoires. «Je suis ravi, dit-il, d'avoir trouvé le partenaire idéal, capable de développer l'activité de notre laboratoire. Negma fait maintenant partie d'un groupe international.»
L'Europe, marché clé.
Avec l'acquisition de Negma, Wockhardt est devenu le premier laboratoire indien à se doter de moyens de recherche en Europe. Au niveau mondial, le groupe indien emploie aujourd'hui plus de 5 500 collaborateurs issus de 14 nationalités, dont 1 500 pour le seul continent européen. Wockhardt possède désormais quatre usines européennes, produisant principes actifs, médicaments injectables, comprimés, gélules et crèmes. Le groupe dispose d'une trentaine de sites industriels et tertiaires à travers le monde et de huit hôpitaux de spécialités implantés en Inde. «L'Europe constitue un marché clé pour notre laboratoire. Wockhardt UK a ainsi conforté sa présence sur le marché britannique, avec des profits en hausse et de fortes possibilités de développement, au niveau du marché des patchs nicotiniques en Grande-Bretagne. Les Etats-Unis représentent encore très peu dans notre chiffre d'affaires global, mais nous entendons changer la donne dans les prochaines années», poursuit Habil Khorakiwala. Le groupe a développé des partenariats scientifiques et médicaux avec la Harvard Medical International et la branche internationale de la Harvard Medical School.
Dernièrement, le laboratoire a inauguré en Inde le Wockhardt Biotech Park, dans la ville d'Aurangabad. Il s'agit du plus grand complexe biopharmaceutique du pays avec six sites industriels. Aujourd'hui, selon son président, «Wockhardt maîtrise aussi bien la production industrielle que l'aspect marketing des produits pharmaceutiques et biopharmaceutiques, principes actifs, vaccins, compléments alimentaires ou médicaments vétérinaires».
Pionnier en biotechnologies dans son pays, Wockhardt a été la première entreprise asiatique et la quatrième au monde à avoir développé et commercialisé un recombinant d'insuline (Wosulin). Avec Wepox et Biovac-B, la firme a respectivement mis au point des recombinants d'érythropoïétine et de vaccins contre l'hépatite B. D'autres recombinants sont encore en phase de recherche.
Depuis son introduction en Bourse, il y a quinze ans, Wockhardt a augmenté son chiffre d'affaires d'une moyenne de 24 %, avec un retour sur investissement annuel de 22 %. Le laboratoire indien entend bien doubler son chiffre de ventes et franchir la barre symbolique du milliard de dollars d'ici à 2009.
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