De notre correspondante
T HAILANDE, Vietnam, Liban, Australie... Des destinations de rêve qui semblent totalement inaccessibles aux handicapés physiques. Dans le Nord, une association a décidé d'offrir cette aventure à des personnes rivées à leur fauteuil roulant. Une expérience lancée en 1996 et qui depuis, se renouvelle chaque année.
A l'origine de ce projet, Fabienne Liagre, une jeune femme passionnée de voyage et bénévole à l'association des Paralysés de France. Sensibilisée au handicap, elle décide de mettre sur pied un périple en Thaïlande avec un petit groupe de jeunes, chaque handicapé ayant un accompagnateur valide. « Permettre à ces personnes de voyager est une forme d'accessibilité, souligne-t-elle. C'est aussi un moyen de redonner un sens à leur vie, de leur montrer que tout ne s'arrête pas au fauteuil roulant. »
Après la Thaïlande, d'autres destinations ont suivi, jusqu'à l'aventure australienne l'an dernier, où une dizaine de personnes sont allées soutenir les sportifs français aux Jeux Olympiques de Sydney. Un voyage monté en partenariat avec le centre de rééducation fonctionnelle de l'Espoir, à Hellemmes, qui accueille de grands accidentés. Angélique, 25 ans, tétraplégique à la suite d'un accident de la route, et Maurice, 40 ans, paraplégique depuis peu étaient du voyage.
« Ce projet correspond bien à notre philosophie, remarque Dominique Suaud, directeur de l'Espoir. L'objectif est de favoriser à plus ou moins long terme le retour à une vie "normale". Partager une telle expérience les aide à dépasser leurs limites du moment ...et crée une dynamique dans le centre, en montrant aux autres que l'aventure est encore possible. »
Voyager est aussi l'occasion de découvrir un autre regard sur le handicap. Alors qu'en France, le fauteuil roulant suscite souvent gêne ou compassion, en Asie, le petit groupe a trouvé un accueil chaleureux et spontané.
Mais l'expérience demande une certaine autonomie de la part des participants pour faire face aux décalages horaires, à la chaleur et à des conditions de voyage plus ou moins précaires. Les hôtels totalement accessibles sont rares et les trajets souvent fatigants. « Physiquement et psychologiquement, les candidats doivent être mûrs pour cette expérience. Si l'accident est trop récent ou le travail de deuil pas encore achevé, il n'est pas souhaitable d'engager les patients dans cette aventure », poursuit D. Suaud.
Pour le prochain périple programmé en Inde, un médecin sera du voyage, en raison des conditions sanitaires précaires. L'équipe est en train de se constituer et les premiers soutiens commencent à arriver de la part d'entreprises partenaires sous forme de financements ou de mise en disponibilité de leurs salariés pour accompagner un handicapé. Une forme de solidarité qui permet à de grands accidentés de la vie de retrouver une note d'espoir.
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