Jazz/Rock-Quelques nouveautés de l’été

Voyages dans le temps

Publié le 21/06/2010
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POUR FÊTER ses 70 ans, Herbie Hancock a voulu, avec « The Imagine Project » (Sony Music), son dernier album, dépasser et déplacer les chapelles musicales. Pour mener à bien cette entreprise et cette vision musicale aux accents universel et mondialiste, le pianiste/arrangeur/compositeur s’est emparé de tubes du répertoire rock, folk et soul, comme « Imagine » (J. Lennon), « The Times, They Are A Changin’ » (B. Dylan), « Don’t Give Up » (P. Gabriel) notamment, et s’est adjoint des musiciens venus de tous les horizons comme Jeff Beck, Marcus Miller, Lionel Louéké, The Chieftains, Toumani Diabaté, les Tinariwen, Anoushka Shankar, Chaka Khan et l’ami de toujours, Wayne Shorter. Un voyage dans le temps et hors des modes, qui va surprendre et décontenancer plus d’un fan du pianiste, sans pour autant convaincre... (1).

À 80 ans, Barry Harris est une des dernières figures vivantes de l’épopée be-bop. Pianiste, il a accompagné des légendes comme Charlie Parker, Lester Young, Miles Davis, Max Roach, Roy Eldridge et Cannonball Adderley. Il vient de sortir d’un certain oubli grâce à « Live in Rennes » (Plus Loin Music/Harmonia Mundi), un CD enregistré en direct en novembre dernier. Accompagné de Mathias Allamane (contrebasse) et Philippe Soirat (batterie), il donne, sur des standards du jazz, une sacrée leçon de piano et ravive les mémoires du jazz qui ont tendance, en ce début de XXIe siècle, à se fondre dans une certaine forme d’universalisme consensuel. Un grand merci à vous, M. Harris, gardien de la flamme !

Lenny White est un pur produit du jazz-rock. À 20 ans, en 1969, le batteur participe aux sessions « Biches Brew » de Miles Davis, puis, à l’aube des années 1970, il est de l’aventure « Return To Forever » (RTF), avec Chick Corea. Après diverses collaborations, il fait un retour intéressant avec « Anomaly » (Abstract Logic/Sphinx), son premier CD comme leader depuis dix ans, dans lequel, associé à des camarades comme Stanley Clarke, le vieux pote de RTF, ou Victor Bailey (basse), il plonge allègrement et avec force rythmes dans les racines du jazz binaire et fusion, devenu aujourd’hui un style de référence. Encore, un gardien de la flamme...

Batteur devenu pianiste, Ronnie Lynn Paterson est aussi, à sa manière, fidèle aux fondamentaux du jazz. Avec la complicité des frères Moutin, François (contrebasse) et Louis (batterie), il revisite, dans son dernier opus, « Music » (Out Note Records/Harmonia Mundi), des compositions de jazzmen aussi emblématiques que John Coltrane, Ornette Coleman, Miles Davis et Thelonious Monk. Un beau patrimoine et un répertoire solide exaltés avec un profond respect par un soliste passionné.

John Scofield est un aventurier, un vrai. Reconnu pour ses collaborations multiples et fructueuses (Miles Davis), ses expériences, son style accrocheur et incisif, aux confins du jazz et du rock, le guitariste a voulu surprendre avec « 54 » (Emarcy/Universal). Avec le soutien de l’arrangeur Vince Mendoza et un grand orchestre, le Metropole Orkest, le leader s’est lancé un défi à lui-même, en réinventant ses propres compositions, présentées sous d’autres angles. Maître incontesté de la six cordes, il sait aussi maîtriser et enrichir son univers musical.

(1) Jazz à Sète, le 12 juillet; Nice Jazz Festival, le 21 juillet.

DIDIER PENNEQUIN

Source : Le Quotidien du Médecin: 8794