ANTIQUITES
FRANCOISE DEFLASSIEUX
AIS qu'importent après tout quelques semaines de retard pour un objet dont on avait perdu la trace depuis le 29 mai 1943 (cinquante-huit ans exactement), quand Céline céda au marchand de tableau Etienne Bignou le manuscrit du « Voyage au bout de la nuit » contre 10 000 F et un petit Renoir ! En précisant que ces 876 feuillets, aujourd'hui conservés dans un emboîtage en peau de porc fauve, constituaient « le seul manuscrit » de l'ouvrage.
Ce tout premier jet servit effectivement de modèle à l'épreuve dactylographiée sur laquelle l'écrivain a retravaillé longuement son texte avant d'aboutir à la version définitive, jusqu'à rendre certains passages totalement méconnaissables. Pour le plus grand bonheur des admirateurs de Céline, qui savoureront le minutieux travail de collation réalisé par les experts du catalogue, qui permet de suivre page à page les dif-férences, les ajouts, les suppressions, les changements de chapitres, qui font le principal intérêt de ces pages raturées griffonnées dans tous les sens.
On attend 4 à 5 millions de ce monument de la littérature contemporaine, qui n'est pas, loin s'en faut, la seule chose intéressante de ce gros catalogue de plus de 300 numéros.
Au fil des pages, on y rencontre Balzac, Baudelaire, André Breton. Dans une lettre indignée à son avocat, Flaubert répond au procès en « immoralité » intenté à « Madame Bovary » (estimée 120 000/
150 000 F).
Dix-huit feuillets autographes des « Nourritures terrestres », de Gide, sont attendues à 300/400 000 F, et les 618 pages du manuscrit de « Barnabooth », de Valéry Larbaud, devraient dépasser le million de francs.
Les hugolâtres se régaleront pour leur part de 27 feuilles de brouillon des « Misérables » qui présentent avec le roman définitif d'intéressantes variantes (100 000/150 000 F). On estime d'autre part à 15 000/20 000 F une feuille d'un de ces carnets où le poète notait au jour le jour des faits dérisoires assortis de comptes qui le sont tout autant.
En poursuivant la lecture du catalogue, on trouve une lettre illustrée de Maupassant estimée 100 000 F, et on s'arrête devant la photo de Proust sur son lit de mort, par Man Ray, sur laquelle on a collé un dernier message à sa fidèle gouvernante : « Céleste, je voudrais une tasse à thé vide et du sucre », le tout est estimé 40 000/50 000 F. Les quatre strophes du poème « Larmes », d'Arthur Rimbaud, devraient atteindre 600 000 à 800 000 F, et deux lettres autographes à sa mère sont évaluées à environ 100 000 F pièce.
Enfin, la signature de Vincent (Van Gogh), au bas d'une lettre ou sur une toile, fait toujours recette :
on a estimé à 400/500 000 F les 4 pages envoyées à Emile Bernard en 1888.
Mardi 15 mai, 14 h 30, Drouot-Montaigne, PIASA.
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