Après deux ans de ROSP, précédés de deux de CAPI, la greffe du paiement à la performance a-t-elle pris chez les généralistes ? Ce ne sont évidemment pas les chiffres d’adhésion faramineux – 97% ! – de la Rémunération sur Objectifs de Santé Publique qui permettent de se faire une idée, puisqu’un ingénieux système d’ « opt out » présuppose l’inclusion du praticien. Sondages à l’appui, le directeur général de la Cnamts souligne pourtant que les médecins de famille sont de plus en plus nombreux à s’y retrouver. Ainsi, alors que, selon la Drees, ils étaient encore fin 2012 une majorité à douter que le mécanisme pouvait changer leur pratique, douze mois plus tard, la plupart estimaient l’inverse, selon BVA. Ce ne sont là que des coups de sonde, qui ne disent pas tout de l’ambivalence d’une profession vis-à-vis de la Sécu.
Pour autant, certains signes ne trompent pas : à commencer par la forte progression cette année dans les objectifs de la ROSP. Frédéric Van Roekeghem, dont c’est la dernière année à la tête de la Cnamts, a donc réussi son pari : adapter à notre médecine de ville un système hérité du P4P britannique. Ce n’était pas gagné d’avance. Avant même de séduire les médecins, il lui a fallu vaincre les réticences de leurs représentants, au point que le premier dispositif fut lancé hors convention sous les critiques de la totalité de vos syndicats… Cinq ans plus tard, la ROSP, malgré des règles du jeu très nouvelles et un peu compliquées, est en train de devenir le 13e mois des généralistes. Plutôt bon à prendre, même s’il ne faut pas se faire d’illusions : le C à 25 euros risque en contrepartie d’arriver plus tard qu’espéré…
Reste que la ROSP pèche encore par sa rusticité. Peu encline à retoucher ce dispositif, la Cnamts doit pourtant réfléchir avec les syndicats pour que les praticiens puissent vraiment avoir prise sur le paiement à la performance. Cela inclut la logistique car des bugs ont encore été constatés cette année sur « l’Espace pro » de son site Internet. Au-delà, cela suppose de repenser les dispositifs de prévention pour que le généraliste reprenne la main, par exemple sur le dépistage du cancer du sein. Cela passe par la prise en compte de la diversité démographique ou sociale des patientèles qui pénalise les confrères des zones populaires. Enfin, si l’on veut que le médecin de famille élargisse son périmètre d’action, il faut lui en donner les moyens. Tous les regards sont désormais tournés vers la négociation sur le travail d’équipe qui vient de démarrer…
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